Tutu demande des funérailles officielles pour Helen Suzman

Le Nobel de la Paix sud-africain Desmond Tutu a demandé l’organisation de funérailles officielles pour l’ancienne députée anti-apartheid , décédée la veille à 91 ans, estimant que le pays avait « une immense dette » envers cette « héroïne ».

Publié le 1 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

"L’esprit indomptable d’Helen Suzman était un cadeau pour l’Afrique du Sud et le monde", écrit l’ancien archevêque anglican dans un communiqué transmis à l’AFP.

"Pilier de la lutte anti-apartheid, elle fut une réelle héroïne", poursuit Mgr Tutu. En s’opposant "avec dignité et fermeté" au régime d’apartheid, elle a "fait briller une lumière pour la justice et la responsabilité".

la suite après cette publicité

"Nous avons une immense dette envers elle. Le moins qu’une grande Nation puisse faire est de manifester sa reconnaissance en organisant des funérailles officielles", estime-t-il.

L’ancienne élue progressiste, qui s’est éteinte jeudi à son domicile de Johannesburg, doit être enterrée dans l’intimité ce week-end. Pour l’instant, aucune cérémonie officielle n’est prévue, mais le président Kgalema Motlanthe a appelé à placer les drapeaux en berne dimanche.

"A l’heure où le gouvernement d’apartheid tentait d’étouffer toutes les vues critiques et indépendantes sur les traitements inhumains infligés à des millions de Sud-Africains, Helen Suzman s’est dressée comme l’une des dernières voix de la Raison", a déclaré le chef de l’Etat à l’agence Sapa.

"Dimanche, quand nous dirons tous au revoir à Helen Suzman, le drapeau national devra être en berne pour célébrer sa vie", a-t-il ajouté.

la suite après cette publicité

Helen Suzman, qui a siégé pendant 36 ans au Parlement du régime ségrégationniste, fut de 1961 à 1974 la seule députée progressiste de la chambre.

Alors que tous ses collègues soutenaient le système raciste, elle n’a cessé de s’ériger contre les évictions forcées, l’interdiction des mariages interraciaux et autres violations des droits de l’Homme.

la suite après cette publicité

Elle fut également la première députée à rendre visite au héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela dans sa cellule de l’île-bagne de Robben Island.

Honorée à l’étranger et décorée de l’ordre du mérite par le président Mandela lui-même après l’avènement de la démocratie multiraciale en 1994, elle avait toutefois estimé que les nouveaux dirigeants du pays ne reconnaissaient pas suffisamment la place jouée par les libéraux blancs dans la transition.

"Comme tant d’autres, elle n’a pas reçu la reconnaissance qu’elle mérite", a également estimé vendredi dans un communiqué le leader zoulou du Parti de la Liberté Inkhata (IFP), Mangosuthu Buthelezi, autre vétéran de la lutte anti-apartheid.

"J’espère qu’à l’heure de sa mort, cela sera rectifié. Elle est sans aucun doute l’une des héroïne non célébrée de la lutte", a-t-il poursuivi, en louant le "courage brut" dont elle a fait preuve "pour atténuer les pires excès du gouvernement d’apartheid. "

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires