Kinshasa veut « détruire » la LRA, la Monuc condamne les massacres
La République démocratique du Congo (RDC) veut « détruire » les rebelles ougandais de la LRA (Armée de résistance du Seigneur) réfugiés sur son sol et dont les récentes atrocités contre les civils congolais ont été condamnées « avec force » par l’Onu.
"Nous avons décidé de détruire la LRA", a affirmé mercredi à l’AFP le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga.
"Nous avons donné la chance à la LRA de négocier la paix avec les autorités de son pays, mais à la fin elle a refusé de signer", a expliqué M. Mende: "nous ne pouvons pas garder sur notre territoire des personnes qui tuent des innocents".
Les accusations se multiplient depuis quelques jours contre la LRA, soupçonnée du massacre de plus de 400 civils pendant les fêtes de Noël dans la province Orientale, frontalière du Soudan et de l’Ouganda, selon un dernier bilan donné mardi par l’ONG catholique Caritas.
Lundi, l’Office de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Ocha) avait fait état d’au moins 189 civils tués par la LRA dans la région.
Selon l’archevêque de Dungu-Doruma, Mgr Richard Domba, qui a dénoncé la "barbarie et la sauvagerie indescriptibles" des rebelles, au moins 150 personnes ont été massacrés à Faradje, 80 à Duru et au moins 200 autres à Doruma et dans les villages environnants.
La LRA a fermement démenti mardi ces accusations et rejeté la responsabilité des tueries sur les armées de la RDC, de l’Ouganda et du Sud-Soudan qui mènent dans cette zone une opération contre le mouvement rebelle depuis la mi-décembre.
L’offensive avait été lancée après le refus répété du chef de la LRA, Joseph Kony, de signer un accord de paix paraphé en avril par Kampala, qui concluait un processus de paix engagé en juillet 2006 afin de mettre un terme à 20 ans de guerre civile dans le nord de l’Ouganda.
Très peu d’informations ont été rendues publiques sur cette opération, qui se déroule à près de 1. 800 km au nord-est de Kinshasa, dans une des régions les plus reculées de l’ex-Zaïre.
La Mission de l’Onu en RDC (Monuc), qui n’a participé ni à sa planification ni à sa mise en oeuvre, ne dispose sur place que de 300 Casques bleus – en majorité Marocains et Indonésiens – basés à Dungu.
Dans un communiqué, la Monuc a condamné "avec force" les atrocités de la LRA "contre des populations civiles sans défense, qui engendrent une insécurité généralisée ainsi qu’un désastre humanitaire".
"Compte tenu de l’isolement de la région et du manque d’infrastructures, le nombre exact des victimes et des personnes affectées reste à déterminer", a expliqué la mission onusienne, s’alarmant du "nombre un nombre élevé et croissant" des tués.
Conformément à son mandat, la Monuc a affirmé avoir pris "toutes les dispositions possibles, dans la limite de ses capacités, afin d’assurer la protection des civils, notamment en apportant un appui essentiel aux FARDC", l’armée gouvernementale congolaise.
Depuis le 26 décembre, et à la demande des autorités militaires congolaises, près de 270 soldats des FARDC ont été acheminées par les avions de l’Onu sur le théâtre des opérations.
La Monuc, qui s’est dit prête "à agir en appui des FARDC en cas de menace directe contre la population", s’est engagée à fournir aux militaires congolais un soutien logistique en vivres, eau, médicament, évacuation sanitaire et carburant.
La Centrafrique a de son côté annoncé avoir renforcé son dispositif de sécurité à la frontière avec la RDC, voisine de la zone des combats.
"Il n’y a pas d’alerte pour le moment quant à une incursion des rebelles", a cependant assuré le ministre délégué à la Défense Jean-François Bozizé, qui a démenti des informations de presse sur le repli en territoire centrafricain d’éléments de la LRA, dont Joseph Kony, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
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