Paul Biya, président du Cameroun jusqu’à 99 ans ?
Au Cameroun, les fidèles du chef de l’État célèbrent, ce mercredi 6 novembre, ses 42 ans de pouvoir. Une communication officielle vante son bilan autant que sa discrétion, sans oublier d’esquisser une candidature à l’élection présidentielle de 2025.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 6 novembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Quatre-vingt-onze ans sur la planète Terre dont quarante-deux ans, désormais, au palais d’Etoudi : le plus vieux dirigeant élu en exercice au monde continue de célébrer les anniversaires de son entrée en fonction, qui date du 6 novembre 1982, après la démission d’Ahmadou Ahidjo. Né Paul Barthélemy Biya’a bi Mvondo, le chef de l’État camerounais est à la fois furtif et tout sauf furtif.
Sur le plan de la longévité, il déroule en effet une série de mandats qui s’éternise au point de talonner celle de son homologue équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, long, quant à lui, de quarante-cinq ans, trois mois et deux jours. Mais Paul Biya ressemble aussi à ces avions furtifs que l’on aperçoit difficilement…
C’est cette marque de fabrique politicienne qui pourrait bien expliquer la longévité politique de Biya. Pour l’éditorialiste du quotidien Cameroon Tribune, ce lundi 4 novembre, le « code Biya » se résume par « l’absence, la distance et le silence ». Alors que le manque d’images du président – entre le sommet Chine-Afrique, début septembre, et le 21 octobre dernier – avait fait couler encre et salive, le retour de Paul Biya a été aussi médiatisé que l’est l’anniversaire de son règne…
Un bourreau de travail discret ?
Si la presse internationale aime qualifier le chef de l’État de « roi fainéant », le secrétaire adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), interrogé ce week-end, le décrit au contraire comme un dirigeant qui « se tue au travail pour son pays » et « connaît bien les dossiers ».
Et le reste du storytelling de se déployer, en cette période d’anniversaire. Une lettre du parti présidentiel vante un « fantastique bilan » gage de « stabilité et de progrès » ; un documentaire projeté en province s’intitule « Paul Biya, un grand homme d’État au destin prodigieux » ; la dernière édition du magazine Temps des opportunités publié par le cabinet civil de la présidence évoque une activité diplomatique « intense » avec « Paul Biya en métronome »…
Les plus robustes n’échappant pas à l’usure du temps, la question qui brûle les lèvres est celle de la suite. Si le nom de son fils Franck a, un temps, circulé comme éventuel dauphin, le sujet de la succession du chef de l’État reste un tabou. La symphonie laudatrice ambiante ne se prive pas de quelques solos sous forme d’appels à un huitième mandat… Une élection présidentielle est en effet prévue en 2025.
Une motion signée par des dizaines de militants et sympathisants invite « tous les Camerounais, sans discrimination fondée sur les opinions politiques, pour qu’ils nous rejoignent dans notre appel à la candidature du président de la République, Paul Biya ».
À l’évocation du 92e anniversaire du président en 2025, la lettre du RDPC répond que le peuple camerounais est « le peuple du respect de l’âge et des aînés » et qu’il faut « poursuivre sous la houlette » du chef de l’État. S’il était candidat et réélu, Paul Biya serait censé achever son prochain mandat dans sa centième année.
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