Le wax, un tissu qui séduit de plus en plus les jeunes créateurs occidentaux
Déjà un siècle que la folie du wax s’est emparée de l’Afrique. En Europe, ce tissu séduit de plus en plus les créateurs. C’est le cas de Dimitri Pougnet, un jeune parisien de 25 ans, bien décidé à faire porter ses chemises en wax à un public jeune et branché.
Pagnes et chemises aux couleurs vives pullulent sur un continent qui ne fabrique pourtant pas ce tissu d’origine indonésienne. Désormais, les créateurs européens utilisent à leur tour de plus en plus le wax pour la confection de vêtements et d’accessoires de mode en tout genre. Inspirés par une technique d’impression indonésienne appelée « batik », les colonisateurs anglais et hollandais du XIXe siècle se mettent à imprimer des étoffes à la cire – « wax » en anglais – afin de mieux fixer les couleurs sur le tissu. L’idée aurait ensuite séduit les soldats et marchands ghanéens qui travaillaient, à l’époque, pour l’État colonial hollandais à Java, Bornéo et Sumatra. De retour en Afrique, les valises pleines de tissu colorés, ils sont très vite impressionnés par le succès que remporte leur nouvelle trouvaille sur le continent.
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Malgré des tentatives de production locale, l’Afrique est rapidement dépassée par la demande et ne peut lutter face à l’efficacité des producteurs européens, principalement hollandais, qui fournissent désormais tout le continent en tissus. La principale société, Vlisco Group, est basée à Helmond depuis 1846 et distribue quatre marques – Vlisco, Woodin, Uniwax et GTP – qu’on retrouve sur les marchés d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale comme dans les grandes métropoles telles que New-York, Paris et Londres.
Quand le wax devient « branché »
Ces dernières années, les créateurs de mode utilisent de plus en plus le wax pour des modèles destinés à une clientèle occidentale. Au printemps 2012, la célèbre marque italienne Marni avait déjà créé toute une collection de vêtements en wax pour le géant du prêt-à-porter H&M. Pour Dimitri Pougnet qui, en mai 2013, a lancé une collection de chemises en wax en collaboration avec la marque Wasted, le but est de conquérir un marché « jeune et branché ». Ses chemises « Ponyboy » – un nom inspiré de l’un des personnages du film Outsiders de Francis Ford Coppola – ont déjà séduit le réalisateur américain Larry Clark, véritable icône du cinéma indépendant américain. Vendues dans un magasin de Châtelet Les Halles à Paris, les chemises Ponyboy alimentent la panoplie urbaine de jeunes skateurs peu habitués à porter ce genre de tissus colorés.
« Le but n’est pas d’occidentaliser le wax mais de le démocratiser », précise Dimitri Pougnet.
Dimitri Pougnet achète ses tissus à Château Rouge – un quartier parisien dans lequel bon nombre de commerçants issus de la diaspora d’Afrique subsaharienne vendent du wax – avant de les envoyer dans une usine à Aubervilliers afin qu’ils soient transformés en chemises unisexes. Insistant sur l’importance du « made in France », il reste très attentif à la qualité du tissu et de la finition. « Pas question que les couleurs s’estompent au bout de trois lavages », déclare t-il. Pour le choix des motifs, le wax offre une infinité de possibilités telle qu’il peut alterner entre formes géométriques de toutes sortes et dessins plus ou moins figuratifs, souvent inspiré par la nature.
« Le but n’est pas d’occidentaliser le wax mais de le démocratiser », précise Dimitri Pougnet. « J’aime bien l’idée que tous les jeunes puissent porter ce tissu en étant conscients de son histoire. En Afrique, on porte des tissus différents selon les périodes de la vie ; je trouve ça important ».
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