Somalie: le président démissionne sur fond de chaos sécuritaire et humanitaire

Le président somalien a démissionné lundi pour avoir échoué à « ramener la paix » en Somalie, au terme d’une crise politique majeure qui a paralysé les institutions du pays, plongé dans les pires violences depuis le début de la guerre civile en 1991.

Publié le 29 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Elu à la présidence de la Somalie le 10 octobre 2004, M. Yusuf a finalement démissionné sous les pressions. Ce personnage clef de la vie politique somalienne n’est jamais parvenu à imposer son autorité sur ce pays, qu’il a plus dirigé en chef de clan qu’en chef d’Etat.

La Somalie se trouve dans la pire situation sécuritaire depuis 1991 et est plongée dans une situation humanitaire catastrophique, avec près de la moitié de la population ayant besoin d’aide. Les côtes du pays sont aussi devenues un point chaud de la piraterie.

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« J’avais promis de rendre le pouvoir si je ne pouvais pas ramener la paix, la stabilité ainsi que la démocratie en Somalie », a déclaré lundi M. Yusuf devant le Parlement à Baïdoa (250 km au nord-ouest de la capitale Mogadiscio).

« La majorité du pays est désormais contrôlée par les islamistes », a reconnu M. Yusuf.

« J’ai signé la lettre de démission et j’ai donné le pouvoir au président du Parlement », Aden Mohamed Nur, qui assure à compter de ce lundi la fonction de président en exercice de Somalie, a ajouté M. Yusuf, qui s’est ensuite envolé pour la région semi-autonome du Puntland (nord-est) dont il a été président de 1998 à 2004.

M. Nur a accepté la lettre de démission de M. Yusuf. Le nouveau président somalien, un ancien chef de guerre, était à la tête du Parlement depuis décembre 2007. Il avait auparavant été ministre de la Justice du gouvernement de transition.

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Lundi, le commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra, a déclaré « espérer que ce nouveau développement puisse aider à réunir les parties somaliennes (. . . ) afin de mettre en place un gouvernement d’unité nationale et un Parlement élargi ».

Dans un rapport la semaine dernière, l’International Crisis Group (ICG) avait pointé du doigt la responsabilité de M. Yusuf dans le chaos actuel, l’accusant d’avoir « négligé la majorité de la population, exacerbé les divisions » et d’être « un handicap (. . . . ) pour la paix ».

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Le Parlement a 30 jours à compter de lundi pour élire un nouveau président. Les candidats ne sont pas tenus à être députés.

La démission du président arrive au terme d’une crise politique majeure.

M. Yusuf avait annoncé le 16 décembre avoir désigné un nouveau Premier ministre, Mohamoud Mohamed Gouled, pour remplacer Nur Hassan Hussein, pourtant confirmé dans ses fonctions la veille par un vote de confiance massif des parlementaires somaliens.

Le limogeage de M. Hussein avait été condamné par la communauté internationale et jugé illégal par le Parlement. Le 24 décembre, M. Gouled avait annoncé sa démission.

En outre, depuis début 2007 et la chute des tribunaux islamiques, Mogadiscio et un nombre croissant de régions somaliennes sont le théâtre de violences très meurtrières, opposant les forces gouvernementales et leurs alliés éthiopiens aux insurgés.

Face à l’impuissance du gouvernement somalien, les extrémistes islamistes shebab ont lancé une insurrection acharnée dans le pays et contrôlent désormais une large partie du centre et du sud de la Somalie.

Le gouvernement somalien et l’opposition islamiste modérée ont signé en juin à Djibouti un accord de partage du pouvoir et de trêve, catégoriquement rejeté par les shebab.

Entre 300. 000 et 500. 000 personnes sont mortes depuis 1991, et plusieurs milliers depuis début 2007.

L’Ethiopie, intervenue officiellement fin 2006 en Somalie pour chasser les tribunaux, a annoncé le retrait total de son armée de Somalie d’ici début 2009, faisant planer encore plus d’incertitudes sur l’avenir sécuritaire du pays.

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