Donald Trump est-il aussi afrophobe qu’il est afrocompatible ?
Absente des débats électoraux américains, l’Afrique réagit, par ses dirigeants, au come-back de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le 47e président des États-Unis effarouche certains chefs d’État auxquels il ressemble pourtant.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 7 novembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Conformément aux us et coutumes diplomatiques, les leaders africains ont réagi officiellement au retour de Donald Trump à la tête des États-Unis : le roi du Maroc, Mohammed VI, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed ou encore les président burundais, Évariste Ndayishimiye, bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, et nigérian, Bola Tinubu. Le chef de l’État sud-africain, Cyril Ramaphosa, en a profité pour rappeler que son pays assurera la présidence du G20 en 2025. Flatteur, le Congolais Félix Tshisekedi a évoqué une « belle victoire ».
Entre les lignes des messages officiels, les politologues sauront distinguer les homologues les plus enthousiastes et les plus inquiets. Le continent n’a pas oublié que Trump, lors de son premier mandat, n’effectua aucune visite officielle en Afrique et qualifia de « pays de merde » Haïti et des nations africaines. Pretoria se souvient particulièrement que l’ancien et futur président américain avait qualifié l’Afrique du Sud de « bazar total et très dangereux » dont les autorités auraient confisqué « des terres aux fermiers blancs ».
Un effet Trump à la marge ?
Le 47e président des États-Unis ne devrait pas concéder beaucoup d’efforts à l’Afrique et son manque d’intérêt pour le continent pourrait avoir quelques conséquences concrètes. Son indifférence pourrait anesthésier la plaidoirie pour la création d’un ou deux sièges permanents aux Conseil de sécurité des Nations unies.
Le reniement prévisible d’engagements écologistes pourrait menacer des pays africains en première ligne du réchauffement climatique. Une politique migratoire rude pourrait à nouveau réduire les possibilités d’expatriation aux États-Unis des ressortissants de certains pays. Les subventions américaines aux systèmes de santé africains pourraient diminuer…
Sur les plans commerciaux et sécuritaires, nul doute que Donald Trump aura à cœur de contrer l’influence économique de la Chine et, peu ou prou, le développement des mouvements djihadistes, même s’il avait réduit sensiblement la présence militaire américaine sur le continent.
Qui se ressemble s’ignore
Pour le reste, le populisme trumpiste semble rimer avec nombre de régimes africains qui entretiennent le culte des dirigeants virilistes, qui exècrent les leçons de morale occidentales aux chefs de guerre, qui méprisent la défense des droits des LGBT et qui usent volontiers de « vérités alternatives » face à de présumés complots informationnels.
Des présidents comme l’Ougandais Yoweri Museveni pourront à nouveau témoigner leur sympathie pour le style de Donald Trump. Quant à ceux qui sont engagés dans un néosouverainisme « woke » et russophile, ils garderont pour eux le goût qu’ils partagent censément pour la démagogie outrancière, pour la méfiance à l’égard des élites mondialistes, pour le sexisme désuet mâtiné de viralité numérique, pour le masculinisme de celui qui ne battit d’ailleurs que des présidentiables femmes et pour le goût des armes à feu de celui qui devint une légende, quand une balle fit couler un filet de sang de son oreille.
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