Bouygues surfe sur la vague de l’électrification

Bouygues Énergies & Services, la filiale du groupe français spécialisée dans les réseaux à haute et très haute tension compte doubler son chiffre d’affaires sur le continent d’ici à 2017.

Au Congo, Bouygues Énergies & Services a construit et réhabilité 450 km de lignes entre Pointe-Noire et Brazzaville. © YvesChanoit.com

Au Congo, Bouygues Énergies & Services a construit et réhabilité 450 km de lignes entre Pointe-Noire et Brazzaville. © YvesChanoit.com

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 2 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

À nouvelle identité, nouvelle stratégie. Près de cinq mois après son changement de nom, l’Entreprise de transport et de distribution d’électricité (ETDE), désormais appelée Bouygues Énergies & Services, précise ses ambitions en Afrique. La filiale du groupe français Bouygues Construction, spécialisée dans les infrastructures de réseaux électriques (lignes à haute et très haute tension), veut en effet faire du continent l’un des piliers de son développement.

« En raison de sa forte croissance et de l’importance de ses besoins, l’Afrique est devenue une priorité pour nous », explique Jean-Philippe Trin, PDG de Bouygues Énergies & Services. Déjà présent dans cinq pays (Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon et Sénégal), il compte étendre sa présence sur le reste du continent et y doubler son chiffre d’affaires, à environ 250 millions d’euros en 2017 contre 130 millions aujourd’hui. Et pour atteindre cet objectif, le groupe français prospecte de nouveaux marchés, notamment le Maroc, la Centrafrique, la RD Congo et la Guinée. Ce dernier pays vient d’obtenir près de 17 millions de dollars (12,5 millions d’euros) de la Banque africaine de développement (BAD) pour réhabiliter son réseau électrique.

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Au Nigeria, c’est près de 1,6 milliard de dollars que les autorités ont mobilisés pour financer le développement du réseau. Les opportunités se multiplient dans ce domaine, dont un grand nombre de pays subsahariens ont fait une priorité. Et pour convaincre ses futurs clients, Bouygues Énergies & Services met en avant ses ouvrages de référence. Comme le « boulevard énergétique », livré fin 2011 au Congo : le groupe y a réhabilité et construit environ 450 km de lignes électriques entre Pointe-Noire et Brazzaville, un projet d’un montant total de 300 millions d’euros financé par le pétrolier italien ENI. Ou ses interventions au Gabon, où il a notamment connecté les villes de Mitzic et Oyem, dans le nord du pays, et réalisé des travaux d’éclairage public à Libreville.

Outre les réseaux électriques, le groupe joue aussi la carte du numérique. « Au Congo, nous avons intégré au « boulevard énergétique » reliant Pointe-Noire à Brazzaville un réseau de fibre optique qui, à terme, devrait faciliter le déploiement du haut débit. Cela évitera de refaire des travaux d’envergure, comme en France, alors que ces besoins émergent d’ores et déjà », indique la direction du groupe. Selon Claude Queyranne, directeur général des filiales africaines de Bouygues Énergies & Services, son entreprise veut anticiper les besoins du continent, qui devrait voir sa population doubler dans les vingt prochaines années. « Nous devons proposer dès maintenant de nouvelles offres, axées sur le high-tech, la performance énergétique… À l’inverse de l’Europe, qui a connu une évolution progressive, l’Afrique saute les étapes, avec des enjeux sociétaux très forts », explique-t-il.

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Compétences

Reste que la filiale du leader français du BTP devra compter avec la concurrence. À commencer par celle de ses compatriotes Eiffage et Vinci, très actifs sur le continent et qui possèdent aussi leurs propres filiales spécialisées dans les infrastructures énergétiques. Elle doit également surveiller l’offensive des groupes chinois. Car si Bouygues Énergies & Services se positionne notamment sur des projets financés par les bailleurs de fonds internationaux comme l’Union européenne, la Banque mondiale ou la BAD, les chinois, appuyés par China Exim Bank, ont une puissance financière plus importante (lire l’encadré).

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Pour se démarquer, l’entreprise affirme miser sur le transfert de compétences, en opposition avec la politique des sociétés chinoises. « Nous utilisons toutes nos compétences pour former les ressources humaines locales et accroître notre présence », affirme Jean-Philippe Trin. D’après les données du groupe, seuls 2 % de ses 1 700 collaborateurs présents sur l’ensemble du continent sont des expatriés.

Les Chinois en embuscade

Comme les groupes de l’Hexagone, les Chinois avancent leurs pions dans le domaine des infrastructures de transport d’électricité.

Deux contrats majeurs ont ainsi été conclus ces derniers mois. Fin août, Xian Electric a signé pour le renforcement et la réhabilitation du réseau nigérian, pour un montant de près de 380 millions d’euros. Quelques mois auparavant, en avril, c’est son compatriote China Electric Power Equipment and Technology Company (CET) qui s’est engagé auprès du gouvernement éthiopien à construire (pour 750 millions d’euros) deux lignes à haute tension (400 et 500 kilovolts) reliant le gigantesque barrage de la Renaissance – dont les travaux viennent de démarrer – à la capitale, Addis-Abeba. Et ces deux projets sont financés par China Exim Bank, bras financier de la présence chinoise en Afrique.  S.B.

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