Les Ghanéens votent pour un président… et la paix
Les Ghanéens ont voté pour choisir un président entre Nana Akufo-Addo, du parti au pouvoir, et John Atta-Mills, de l’opposition, lors d’un second tour serré à l’atmosphère tendue par des accusations mutuelles de fraude.
Le vainqueur succédera à John Kufuor, qui quitte la scène après huit ans de pouvoir en laissant derrière lui un pays considéré comme un modèle de démocratie en Afrique.
Lors du premier tour le 7 décembre, Nana Akufo-Addo, un avocat de 64 ans, candidat du Nouveau parti patriotique (NPP, au pouvoir), avait remporté 49,13% des suffrages, contre 47,92% pour John Atta-Mills, un professeur de droit également âgé de 64 ans, candidat du Congrès national démocratique (NDC, opposition).
Quelque 12,5 millions de Ghanéens ont été appelés à voter jusqu’à 17h00 (locales et GMT), mais il faudra attendre au minimum 48 heures pour connaître le résultat.
Ce second tour a valeur de test pour le pays, voire pour le continent, plus habitué à des élections frauduleuses et violentes (Kenya, Zimbabwe, Nigeria. . . ) ou des coups d’état militaires, comme dernièrement en Guinée.
"Si le scrutin se passe bien, cela constituera une étape pour l’Afrique et encouragera d’autres pays à s’embarquer sérieusement dans un processus démocratique", juge Aminu Bello Masari, un ancien président de l’assemblée nationale du Nigeria qui dirige la mission d’observateurs du Centre Carter.
"Une élection crédible montrera au reste de l’Afrique de l’ouest que, oui, on peut avoir une transition pacifique sans coup d’état", déclare à l’AFP le patron des observateurs de l’Union européenne, Nickolay Mladenov.
"Nous ne voulons aucun truquage, aucune tricherie", a déclaré John Atta-Mills en mettant dimanche matin son bulletin dans l’urne.
Dans les bureaux de vote d’Accra dimanche matin le message semblait clair: au-delà du choix d’un nouveau président, les Ghanéens aspirent à la paix.
"Avant l’élection, des gens parlaient de violence possible, voire de guerre. Nous ne voulons pas de guerre ici! Pas de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire", soutient Lydia Amponseah, une coiffeuse de 28 ans, son bébé dans les bras.
Depuis la tentative de renversement du président Gbagbo en septembre 2002, la Côte d’Ivoire, frontalière du Ghana, est coupée en deux et n’a toujours pas résolu la crise, repoussant à chaque fois une présidentielle initialement prévue en octobre 2005.
"On en a vu des troubles ici, en 1979 ça a été brutal. Nous ne voulons pas que ça se répète", renchérit Okyere Darko, un officier en retraite de 60 ans, qui se souvient du coup d’Etat du capitaine Jerry Rawlings comme si c’était hier.
Alors que le premier tour a été unanimement salué comme un modèle de transparence et de démocratie pacifique, le climat s’est brusquement tendu à la veille du second tour, suscitant un appel au calme samedi de John Kufuor.
"Nous devons tous rester calmes et aller voter, pour que ce scrutin soit pacifique et légitime", a-t-il déclaré.
Au coude à coude à l’issue du premier tour, les deux partis se sont accusés samedi l’un l’autre de vouloir truquer le face à face final.
John Atta-Mills a fait état de "révélations et d’aveux étonnants" sans plus de détails, et accusé le parti au pouvoir d’avoir recruté "des gros bras pour semer la panique dans les bureaux de vote".
Le NPP a répliqué en accusant le NDC de "préparer une fraude massive" et d’avoir lancé une "campagne de perturbation et d’intimidation" avec un "tract sournois et diabolique qui vise à provoquer des tensions ethniques.
Visiblement préoccupé par la montée des crispations, John Kufuor a tenté de pacifier les esprits: "Quelle que soit la nouvelle majorité, que le nouveau président soit Akufo-Addo ou Atta-Mills, il faudra l’accepter et vivre avec pour les quatre prochaines années".
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