Ghana: les électeurs votent pour un président… et la paix

Les Ghanéens votaient dimanche pour choisir un président entre Nana Akufo-Addo, du parti au pouvoir, ou John Atta-Mills, de l’opposition, lors d’un second tour serré à l’atmosphère tendue par des accusations mutuelles de fraude.

Publié le 28 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le vainqueur succédera à John Kufuor, qui quitte la scène après huit ans de pouvoir en laissant derrière lui un pays considéré comme un modèle de démocratie en Afrique.

Lors du premier tour du 7 décembre, Nana Akufo-Addo, un avocat de 64 ans, candidat du Nouveau parti patriotique (NPP, au pouvoir), avait remporté 49,13% des suffrages, contre 47,92% pour John Atta-Mills, un professeur de droit également âgé de 64 ans, candidat du Congrès national démocratique (NDC, opposition).

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Quelque 12,5 millions de Ghanéens sont appelés à voter jusqu’à 17h00 (locales et GMT), mais il faudra attendre au minimum 48 heures pour connaître le résultat.

Ce second tour a valeur de test pour le pays, voire pour le continent, plus habitué à des élections frauduleuses et violentes (Kenya, Zimbabwe, Nigeria. . . ) ou des coups d’état militaires, comme dernièrement en Guinée.

Dans les bureaux de vote d’Accra dimanche matin le message semblait clair: au-delà du choix d’un nouveau président, les Ghanéens aspirent à la paix.

« Avant l’élection, des gens parlaient de violence possible, voire de guerre. Nous ne voulons pas de guerre ici! Pas de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire », dit Lydia Amponseah, une coiffeuse de 28 ans, son bébé dans les bras.

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Depuis la tentative de renversement du président Gbagbo en septembre 2002, la Côte d’Ivoire, frontalière du Ghana, est coupée en deux et n’a toujours pas résolu la crise, repoussant à chaque fois une présidentielle initialement prévue en octobre 2005.

« On en a vu des troubles ici, en 1979 ça a été brutal. Nous ne voulons pas que ça se répète », renchérit Okyere Darko, un officier en retraite de 60 ans, qui se souvient du coup d’Etat du capitaine Jerry Rawlings comme si c’était hier.

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Alors que le premier tour a été unanimement salué comme un modèle de transparence et de démocratie pacifique, le climat s’est brusquement tendu à la veille du second tour, suscitant un appel au calme samedi de John Kufuor.

« Nous devons tous rester calmes et aller voter, pour que ce scrutin soit pacifique et légitime », a-t-il déclaré après un entretien avec la secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer.

Au coude à coude à l’issue du premier tour, les deux partis se sont accusés samedi l’un l’autre de vouloir voler l’élection par des fraudes et des intimidations.

John Atta-Mills, dont la formation a remporté les législatives organisées le 7 décembre, a fait état de « révélations et d’aveux étonnants » de manoeuvres pour truquer l’élection.

« Il y a eu certains événements depuis le 7 décembre qui, s’ils ne sont pas enrayés, pourraient éloigner la paix et la stabilité que nous désirons tous et perturber le processus électoral », a-t-il averti, accusant le parti au pouvoir d’avoir recruté « des gros bras pour semer la panique dans les bureaux de vote ».

Le NPP a répliqué en accusant le NDC d’avoir lancé une « campagne de perturbation et d’intimidation ».

« Depuis deux jours circule un tract sournois et diabolique qui vise à provoquer des tensions ethniques, a affirmé le NPP, faisant aussi état de l’agression de deux de ses militants.

« Comme si les menaces, les agressions et les violences ne suffisaient pas, nous avons appris de source fiable que le NDC prépare une fraude massive » a poursuivi le parti au pouvoir.

Visiblement préoccupé par la montée des crispations, John Kufuor a tenté de pacifier les esprits: « Quelle que soit la nouvelle majorité, que le nouveau président soit Akufo-Addo ou Atta-Mills, il faudra l’accepter et vivre avec pour les quatre prochaines années ».

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