Guinée: la junte veut « renégocier » les contrats miniers

La junte au pouvoir en Guinée, premier exportateur mondial de bauxite, a annoncé samedi à Conakry « une renégociation des contrats » miniers et l’arrêt de l’extraction de l’or « jusqu’à nouvel ordre », au risque de perturber un secteur vital pour l’économie.

Publié le 27 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

« On a bloqué le secteur minier. Il y aura une renégociation, une révision » des contrats, a déclaré le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara lors de son premiers discours public.

Cette annonce intervient au moment où le secteur des mines en Afrique, moteur de la croissance dans de nombreux pays, est frappé de plein fouet par la crise économique mondiale et la chute des cours des matières premières.

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Fin octobre, avant la crise, le gouvernement guinéen espérait attirer quelque 27 milliards de dollars d’investissements d’ici 2015 dans ce secteur, qui constitue l’essentiel des exportations du pays.

Ce pays d’Afrique de l’Ouest, qualifié par certains de « scandale géologique », abrite plus du tiers des réserves mondiales de bauxite (qui sert à fabriquer l’aluminium), dont il est le premier exportateur et le deuxième producteur au monde derrière l’Australie.

Son sous-sol contient également d’importantes réserves, encore largement inexploitées, d’or, de diamant, de fer, de nickel, etc.

Mais en raison d’une corruption généralisée et d’une gestion calamiteuse, la Guinée reste classée au 160e rang (sur 177) sur l’échelle du développement humain par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

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Début décembre, soit peu de temps avant la mort, après 24 ans de pouvoir, du « général-président » Lansana Conté, le gouvernement avait annoncé son intention de reprendre au groupe anglo-australien Rio Tinto une partie d’une concession de la plus importante réserve de fer au monde, au Mont Simandou, pour l’attribuer au groupe du milliardaire israélien Beny Steinmetz.

Rio Tinto avait déjà investi près de 400 millions de dollars et comptait investir quelque 6 milliards de dollars pour exploiter la mine, construire un chemin de fer et un port minéralier.

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« Rio Tinto considère s’être conformé à l’ensemble des obligations lui incombant concernant la concession et qu’elle demeure en droit de détenir et conserver l’intégralité de la concession », avait affirmé le géant anglo-australien.

Le 10 décembre, Rio Tinto avait toutefois annoncé « différer ses activités nécessitant de lourds efforts en investissements et recentrer ses ressources sur les activités essentielles ».

De son côté, Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) dirigé par le milliardaire israélien Beny Steinmetz, considérait que la transaction avait déjà été conclue en sa faveur.

Le chef de la junte a dénoncé « des ministres qui entouraient le chef de l’Etat (Lansana Conté, décédé lundi) qui ont pillé ce pays, qui ont fait des buildings, des comptes un peu partout ».

« Au moment où le président était fatigué, tous les gens qui l’ont entouré se sont rempli les poches », a-t-il accusé, sans plus de précision.

Concernant « les zones aurifères, la décision est déjà prise: plus d’extraction jusqu’à nouvel ordre », a ajouté le capitaine Camara.

La seule extraction industrielle est faite à Siguiri, à 700 km au nord-est de Conakry, près de la frontière malienne, par la Société aurifère de Guinée (SAG), filiale du groupe sud-africain AngloGold Ashanti, troisième producteur d’or mondial et le premier en Afrique.

De nombreux orpailleurs clandestins « travaillent » également sur la concession, en toute illégalité et sans aucune mesure de sécurité.

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