Guinée: la junte entame ses « réunions d’information »

Les militaires qui ont pris le pouvoir mardi en Guinée, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, ont entamé samedi à Conakry une « réunion d’information » pour tenter de justifier leur action, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Publié le 27 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

La junte a d’abord commencé par rencontrer les représentants de la société civile, des partis politiques, des confessions religieuses et des centrales syndicales au camp Alfa Yaya Diallo, plus grand camp militaire du pays et quartier-général des putschistes.

Prévue à 10H00 (locales et GMT), la réunion, présidée par le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a débuté peu après 12H00.

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Un millier de personnes étaient réunies en plein air, notamment les opposants Alpha Condé et Sydia Touré ainsi que la leader syndicaliste Rabiatou Serah Diallo, figure de proue de la résistance au pouvoir de Lansana Conté.

Le président renversé de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, qui selon la Constitution devait être président intérimaire après la mort du chef de l’Etat, a également fait le déplacement, après avoir dans un premier temps contesté la légitimité des putschistes.

Une rencontre entre la junte et les émissaires de la communauté internationale, prévue samedi à la mi-journée, a en revanche été reportée à mardi, a annoncé dans un communiqué le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte).

« La réunion prévue avec les représentants des institutions internationales, du corps diplomatique et consulaire en poste à Conakry, initialement prévue ce samedi à 12H00 (locales et GMT) est reporté au mardi 30 décembre à 12H00 dans la salle du conseil des ministres », a annoncé la junte.

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Aucune précision n’a été apportée sur les raisons de ce report.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a menacé de sanctions « fermes » les militaires putschistes en Guinée « dans le cas où le coup d’Etat serait consommé ».

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Si leur action a été condamnée par la communauté internationale, ils ont en revanche reçu vendredi le soutien clair et net du dirigeant d’un influent pays voisin, le président sénégalais Abdoulaye Wade, 82 ans.

« Je pense que ce groupe de militaires mérite d’être soutenu », a-t-il déclaré depuis Paris, relevant que le jeune chef de la junte l’avait appelé « papa » lors d’un entretien téléphonique.

Le capitaine Camara lui a paru être « un jeune pur qui veut bien faire et qui n’a pas d’ambition politique », « tout à fait honnête ».

Il a donc accepté de plaider en sa faveur et de transmettre son message, qu’il rapporte ainsi: « nous avons pris le pouvoir pour éviter les affrontements tribaux. Notre intention n’est pas de garder le pouvoir. Nous voulons mettre en place le nouveau président et retourner dans les casernes ».

« J’appelle tous les pays (voisins), l’Union européenne, notamment la France. . . à ne pas jeter la pierre à ce groupe mais à les prendre au mot », a plaidé M. Wade.

Selon le président sénégalais, les militaires ont pris le pouvoir « pour éviter les règlements de compte et la chasse aux sorcières, et protéger la famille du défunt » général-président Lansana Conté, après 24 années de « règne » sans partage, de répression sanglante de la contestation et de gestion calamiteuse selon les ONG.

Les funérailles nationales du président Conté ont néanmoins rassemblé plus de 30. 000 personnes vendredi à Conakry.

Le président Wade est le premier dirigeant étranger à apporter officiellement son soutien aux putschistes.

Mais à Conakry, la junte a déjà engrangé en moins d’une semaine de nombreux soutiens plus ou moins explicites, de la part de partis et de syndicats.

« Nous prenons acte » de la prise effective du pouvoir par l’armée: cette formule a été utilisée par quasiment tous les partis d’opposition et les syndicats qui avaient mené la contestation contre le régime de Lansana Conté.

Le calme était revenu samedi matin dans les rues de Conakry, où de nombreux tirs avaient été entendus la veille à partir de 20h00 (locales et GMT), après l’entrée en vigueur du premier couvre-feu imposé par la junte.

Une source militaire avait assuré qu’il s’agissait de tirs « dissuasifs » pour que les gens « rentrent chez eux ».

La junte a ensuite annoncé que « tout soldat surpris par la patrouille en train de tirer s’exposerait à des sanctions sévères ».

Dans un quartier de la banlieue de Conakry, un jeune homme a été atteint par une balle perdue qui l’a blessé à la jambe.

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