La junte entend « continuer son oeuvre »

Les funérailles nationales du président guinéen Lansana Conté, décédé à 74 ans après 24 ans d’un « règne » très contesté, ont rassemblé plus de 30. 000 personnes vendredi à Conakry, tandis que la junte arrivée au pouvoir a reçu son premier soutien étranger de la part du Sénégal.

Obsèques du président Lansana Conté à Conakry, le 26 décembre 2008

Obsèques du président Lansana Conté à Conakry, le 26 décembre 2008

Publié le 26 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le chef de la junte qui a pris le pouvoir mardi par un coup d’Etat militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, n’a pas participé aux hommages.

Mais le vice-président du Comité national pour le développement et la démocratie (CNDD, junte), le général Mamadou Ba Toto Camara, a déclaré devant la foule emplissant le stade national: "Le CNDD rend hommage au général Lansana Conté. (. . . ) Nous prions Dieu qu’il nous donne le courage de continuer son oeuvre de tolérance, de paix, pour le bonheur de la Guinée".

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Des tirs ont été entendus dans Conakry et sa banlieue, peu après l’entrée en vigueur du couvre-feu imposé par la junte au pouvoir en Guinée depuis le putsch de mardi, mais une source militaire a immédiatement assuré qu’il s’agissait de tirs "dissuasifs" pour faire "rentrer les gens".

Le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte) a ensuite fait lire à la radio nationale un communiqué rappelant qu’"un couvre-feu signifie une discipline de feu qui doit obligatoirement être observée".

"Tout soldat surpris par la patrouille en train de tirer dans les quartiers s’exposera à des sanctions sévères", a ajouté la junte.

Dans le quartier de Dar-es-Salam, commune de Ratoma, dans la banlieue de la capitale guinéenne, un jeune homme a été atteint par une balle perdue qui l’a blessé à la jambe, selon une source militaire.

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Une foule de 30. 000 personnes avait afflué dans le stade et aux abords pour voir passer, derrière une fanfare, le cercueil couvert du drapeau national rouge, jaune et vert, posé sur une jeep.

Un peu plus tôt dans la journée, une cérémonie "officielle" avait rassemblé plusieurs milliers de personnes au Palais du peuple, siège de l’Assemblée nationale.

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Les présidents Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Joao Bernardo Vieira (Guinée-Bissau), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia) et Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) étaient présents, ainsi que le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Jean Ping, et son homologue de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Ibn Chambas.

Depuis Paris, le président sénégalais Abdoulaye Wade a appelé à "soutenir" la junte, alors que la communauté internationale a jusqu’ici condamné le coup d’Etat.

"Je pense que ce groupe mérite d’être soutenu", a-t-il déclaré. "J’appelle tous les pays, notamment la France,. . . à ne pas jeter la pierre à ce groupe mais à les prendre au mot", a-t-il ajouté, faisait référence aux élections promises par les putschistes.

A l’inverse, le président sud-africain Kgalema Motlanthe a condamné le putsch et appelé la junte à céder "immédiatement" le pouvoir aux civils en vue d’élections démocratiques.

A Conakry, outre les dignitaires du régime et de très nombreux militaires, plusieurs opposants au "général-président" et leaders syndicaux, qui l’avaient vivement contesté ces dernières années, s’étaient joints à la cérémonie.

Plusieurs partis qui dénonçaient le régime avant sa mort, ont présenté ces derniers jours leurs "condoléances émues" à la famille et à l’ensemble du peuple, par respect pour le deuil, dans un pays musulman à 90%.

Après une prière dans la plus grande mosquée de Conakry, également comble, la dépouille du président défunt devait être transportée par hélicoptère jusqu’au village de Lansanaya, à 120 kilomètres au nord-ouest de Conakry, pour l’inhumation.

Deuxième président de Guinée, Lansana Conté était arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, en 1984, après la mort d’Ahmed Sékou Touré.

Ce militaire de carrière a dirigé en maître absolu le pays, s’appuyant sur l’armée pour réprimer toute contestation de sa gestion, jugée calamiteuse par les ONG.

Mais beaucoup de Guinéens présents aux cérémonies faisaient valoir qu’il avait au moins été "un homme de paix", pour avoir "sauvegardé" le pays des guerres, ou lui savaient gré d’avoir finalement introduit le multipartisme en 1992, même si le pays n’a jamais connu depuis d’élections transparentes.

De son côté, la junte a annoncé qu’elle organiserait samedi des "réunions d’information" sur son travail, après avoir conforté son pouvoir, jeudi, quand le Premier ministre et son gouvernement lui ont publiquement rendu allégeance.

La junte rencontrera d’abord des "représentants de la société civile, des partis politiques, des confessions religieuses et des centrales syndicales", puis des "représentants de la Cedeao, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de l’ONU et les ambassadeurs des pays du G8".

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