Trump, Obiang, néocolonialisme, DGSE et satellites : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater

Votre nouvelle édition du Brief revient sur la victoire de Donald Trump, le scandale des sextapes en Guinée équatoriale ou la bataille des mines au Sahel. Sans oublier un nouveau scandale qui touche la DGSE au Niger et la course à l’espace sur le continent.

Des partisans de Donald Trump célèbrent sa victoire, devant sa résidence, à Palm Beach, le 6 novembre 2024 © Photo by CHANDAN KHANNA / AFP

Des partisans de Donald Trump célèbrent sa victoire, devant sa résidence, à Palm Beach, le 6 novembre 2024 © Photo by CHANDAN KHANNA / AFP

Publié le 9 novembre 2024 Lecture : 7 minutes.

Bonjour à toutes et tous,

bienvenue dans cette nouvelle édition du Brief de Jeune Afrique qui revient sur les cinq articles qu’il ne fallait absolument pas rater.

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Au programme de cette édition :

  1. Félicitations et realpolitik : la victoire de Trump vue par les dirigeants africains
  2. Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
  3. Mali, Burkina, RDC, Afrique du Sud… Haro sur le néocolonialisme minier !
  4. La DGSE dans la tourmente après les accusations du Niger
  5. Satellite, surveillance, souveraineté… Cinq questions pour comprendre les ambitions spatiales africaines

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1 – La victoire de Trump vue d’Afrique : félicitations et inquiétudes

Donald Trump, revendiquant la victoire à la présidentielle américaine, lors de son discours du 6 novembre 2024 à Palm Beach, en Floride. © Photo by Jim WATSON / AFP

Donald Trump, revendiquant la victoire à la présidentielle américaine, lors de son discours du 6 novembre 2024 à Palm Beach, en Floride. © Photo by Jim WATSON / AFP

Pluie de réactions. De Mohammed VI à Félix Tshisekedi, en passant par Umaro Sissoco Embaló, Alassane Ouattara, Bassirou Diomaye Faye ou encore Mahamat Idriss Déby Itno, la majorité des chefs d’État africains ont salué la victoire de Donald Trump. Parfois même, dans des termes plus que flatteurs : « belle victoire », « élection historique », consécration d’un « leadership visionnaire, audacieux et innovant »… Une sémantique dithyrambique qui cache mal la volonté de respecter les principes cardinaux de la realpolitik ainsi que l’urgente nécessité, pour les dirigeants du continent, de ménager le milliardaire américain (re) devenu si puissant, comme le décryptent Nicholas Norbrook et Matthieu Millecamps dans ce tour d’horizon des réactions africaines.

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Climat d’inquiétude. Le come-back de l’auteur de la saillie sur les « shit hole countries », qui a prouvé à maintes reprises tant son désintérêt pour l’Afrique que le caractère erratique de ses prises de décisions, inquiète nombre d’observateurs. Outre les prises de position plus ou moins ouvertement racistes du candidat républicain, son climatoscepticisme revendiqué fait craindre un brutal retour en arrière.

Ses appels à relancer massivement les énergies fossiles – le slogan « Drill, baby, drill » (littéralement « Fore [du pétrole], chérie, fore ! ») –, ou encore ses critiques à l’encontre des investissements dans la transition énergétique – qu’il qualifie de « green new scam » (nouvelle arnaque verte ») font craindre une « relance du pétrole et du gaz [qui] pourrait générer en 2030 un supplément d’émission voisin de 2 gigatonnes d’équivalents CO2 (soit 5 fois les émissions de la France !) », insiste Christian de Perthuis, fondateur de la chaire « Économie du climat » à l’Université Paris Dauphine.

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Tempête monétaire. Si, à en croire les chiffres records enregistrés à Wall Street dans les heures qui ont suivi l’annonce du résultat de la présidentielle américaine, les marchés ont salué la victoire de Donald Trump, la perspective de son retour au pouvoir « semble fragiliser les monnaies et refroidir les investisseurs des principales régions d’Afrique », analyse Mathieu Galtier dans un article sur l’éventualité d’un « effet Trump » néfaste pour les marchés africains.

Première crainte : celle de la très forte hausse des tarifs douaniers, l’une des promesses du candidat républicain. La hausse probable de production d’hydrocarbures aux États-Unis risque également de provoquer une baisse mécanique des débouchés pour les États africains producteurs. Surtout, l’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), qui permet à 32 pays subsahariens d’exporter aux États-Unis près de 7 000 produits sans droits de douane, est aujourd’hui en suspens. Sa disparition serait un coup particulièrement dur : en 2023, les pays membres avaient exporté pour 28,6 milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis dans le cadre de ce dispositif.

2 – Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello

Baltasar Ebang Engonga, dit Bello, le directeur de l'administration fiscale équato-guinéenne. © DR

Baltasar Ebang Engonga, dit Bello, le directeur de l'administration fiscale équato-guinéenne. © DR

Affaire d’État. La fuite de plusieurs centaines de sextapes, diffusées sur les réseaux sociaux, provoque un scandale d’une ampleur rarement atteinte en Guinée équatoriale. Au cœur du dossier en passe de devenir affaire d’État, Baltasar Ebang Engonga, dit « Bello ». L’homme qui se met en scène sexuellement avec des femmes, devant la caméra, n’est autre que le directeur de l’administration fiscale équato-guinéenne.

Surtout, relève Mathieu Olivier qui signe l’article sur cet « ouragan Bello », il est également l’un des fils de Baltasar Engonga Edjo’o, président de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et neveu du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. « Il est l’un des hommes les plus puissants du pays, à qui la famille [Obiang] a confié les cordons de la bourse et de l’administration fiscale », confie un familier de Malabo.

Teodorín à la manœuvre. L’affaire, qui a démarré par la saisie d’ordinateurs et de téléphones de « Bello », est encore loin d’avoir livré tous ses secrets. Le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue – dit Teodorín – suit l’affaire de très près : il a annoncé le lancement d’une enquête et c’est lui qui, sur les réseaux sociaux, communique sur le dossier. Si plusieurs épouses ou proches de personnalités influentes dans les cercles du pouvoir apparaissent dans les vidéos, c’est le président de la commission de la Cemac qui semble aujourd’hui être dans le viseur du vice-président équato-guinéen, qui a été rappelé à Malabo dès le 1er novembre, soit avant que les premières vidéos ne « fuitent ».

3 – Mali, Burkina, RDC, Afrique du Sud… Haro sur le néocolonialisme minier !

Le site minier aurifère d’Essakane, au Burkina Faso, le 12 mai 2010. © Photo by ISSOUF SANOGO / AFP

Le site minier aurifère d’Essakane, au Burkina Faso, le 12 mai 2010. © Photo by ISSOUF SANOGO / AFP

Reprise de contrôle. Dans la course aux sources d’approvisionnement en minerais critiques pour les besoins de la transition énergétique en cours, les pays africains dont les sous-sols sont riches en cobalt, lithium et autre coltan parviendront-ils à tenir tête aux multinationales et à en tirer les bénéfices ? C’est la question que pose dans, son édito publié cette semaine, Aurélie M’Bida, rédactrice en chef Économie.

Au Burkina Faso, la junte a annoncé son intention de retirer leurs permis d’exploitation aux multinationales minières présentes sur son territoire, au nom de sa « souveraineté économique ». Un geste spectaculaire mais qui s’inscrit en réalité dans un mouvement de fond : la volonté des États africains de reprendre le contrôle sur leurs ressources tant convoitées. La RDC a ainsi lancé l’offensive contre les groupes chinois. L’Afrique du Sud a refondu son code minier tout comme, plus récemment, le Mali et le Niger.

Sous pression. Le manque à gagner est titanesque : selon le FMI, quinze pays du continent perdent, chaque année, entre 450 et 730 millions de dollars de recettes fiscales en raison du transfert des bénéfices réalisées par les multinationales hors des frontières africaines.

D’autant que face aux États qui tentent de reprendre la main, les groupes internationaux disposent de nombreux leviers. Du gel de leurs investissements au recours aux procédures d’arbitrage, en passant par la menace de suspendre leur activité, les moyens de pression ne manquent pas. « Sans infrastructures solides, sans institutions transparentes et sans alliances continentales fortes, la souveraineté économique ne sera qu’une chimère » pour ces pays, avertit Aurélie M’Bida.

4 – La DGSE dans la tourmente après les accusations du Niger

«Le problème, c’est qu’ils ont visiblement eu accès à des données internes de la DGSE et qu’ils les ont intégrées à leur scénario.» © MARTIN BUREAU/AFP

«Le problème, c’est qu’ils ont visiblement eu accès à des données internes de la DGSE et qu’ils les ont intégrées à leur scénario.» © MARTIN BUREAU/AFP

« Coup d’État orchestré par la France ». En septembre dernier, la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani, au Niger, a accusé la France d’avoir tenté de fomenter un coup d’État. Pour preuve de cette tentative de putsch que le régime affirme être parvenu à déjouer, la Radio télévision du Niger (RTN), a diffusé plusieurs sujets présentant des « preuves » de l’implication présumée de ressortissants français présentés comme des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, les renseignements français). Autant d’accusations, dont certaines incohérentes – des images floutées d’Evgueni Prigojine ont notamment été utilisées -, qui ont été niées officiellement par Paris.

Enquête au sein de la DGSE. Les services de renseignements français n’en prennent pas moins l’affaire très au sérieux. Noms, photos, passeports… La RTN et les comptes de l’Alliance des États du Sahel (AES) sur les réseaux sociaux ont en effet diffusé de nombreux documents. Et certains comportent des numéros d’identification qui, selon les sources de Jeune Afrique, correspondent bel et bien à des codes utilisés en interne par l’administration du renseignement français. Comment les services nigériens sont-ils parvenus à mettre la main sur de telles informations ? Une enquête interne a, discrètement, été ouverte. Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre « Confidentiel » sur ce dossier potentiellement explosif.

5 – Cinq questions pour comprendre les ambitions spatiales africaines

L'essor du secteur spatial est porté par l'Union africaine (UA). © DR

L'essor du secteur spatial est porté par l'Union africaine (UA). © DR

22 milliards de dollars. C’est le chiffre d’affaires que devrait atteindre, en 2026, le secteur spatial africain, selon le rapport Space in Africa 2 023. Si, pour l’heure, seul un très petit nombre de pays du continent ont une politique dédiée, voire pour certains des infrastructures qui leur permettent de passer du statut de clients des mastodontes du secteur à celui d’acteurs du secteur, les choses sont en train de changer, analyse Estelle Maussion dans le décryptage qu’elle consacre aux ambitions spatiales africaines.

Cette dynamique illustre la mobilisation fructueuse de l’Agence spatiale africaine (AfSA), dans le cadre de partenariats élargis. « L’Afrique vient d’entrer dans l’arène du spatial et, dans ce secteur, aucun pays ni aucune institution ne peuvent agir seul au vu des moyens et du temps nécessaires pour faire aboutir les projets », explique ainsi Tidiane Ouattara, à la tête du Conseil spatial africain, une instance de l’AfSA.

L’Afrique, futur hub spatial ? L’une des cartes que pourrait jouer le continent pour se positionner sur un secteur en plein essor serait de se doter, sur son territoire, d’une infrastructure de lancement de satellites. Ce qui permettrait également, de sortir au moins partiellement de la dépendance actuelle aux plateformes étrangères, russes ou européennes. « Le marché est prometteur, il faut faire la queue pour lancer un satellite aujourd’hui », s’enthousiasme Nabil Mohamed Ahmed, ministre djiboutien de l’Éducation supérieure et de la Recherche, dont le pays a signé en 2023 un accord avec un partenaire chinois, Hong Kong Aerospace Technology Group, pour construire le premier pas de tir africain.

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