Des mercenaires russes actifs en Afrique sanctionnés par Londres
Le Royaume-Uni vient d’annoncer une liste de sanctions contre des paramilitaires, notamment d’Africa Corps, et certains de leurs fournisseurs pour « violations généralisées des droits humains » en Libye, au Mali et en Centrafrique.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 11 novembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Alors que les États sahéliens proches de Moscou louent une Russie sincère et malmenée par les gouvernants occidentaux, le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé, le 6 novembre, une liste de sanctions à l’encontre de plusieurs groupes de mercenaires russes, en relation avec leurs activités sur le continent africain. Selon les autorités britanniques, ces 56 sanctions constitueraient même la plus importante série « prise à l’encontre de la Russie depuis mai 2023″.
Le communiqué de Londres précise que les sanctions concernent « trois groupes de mercenaires privés ayant des liens avec le Kremlin […] et 11 individus associés à des mandataires russes ». Les personnes visées auraient « menacé la paix et la sécurité en Libye, au Mali et en République centrafricaine« . Il est précisément question de l’Africa Corps, l’organisation paramilitaire héritière du groupe Wagner, de la brigade Bear intégrée au ministère russe de la Défense et de la Private Military Company (PMC) Española.
Violations et exploitation
Ces groupes spécialisés dans la sécurité, à la lisière du public et du privé, sont accusés d’avoir commis des « violations généralisées des droits humains sur tout le continent » et « d’exploiter les ressources naturelles de ces pays pour leur profit » et pour l’extension de la sphère d’influence du Kremlin. Si les accusations d’exactions sont anciennes, les violences continueraient. Selon de récentes informations de Radio France internationale (RFI), six bergers auraient ainsi été ligotés, exécutés – certains décapités – et brûlés par une patrouille de supplétifs russes des forces armées maliennes, le 5 novembre, à la frontière avec la Mauritanie…
Aux côtés des paramilitaires étrangers sanctionnés pour leurs agissements en Afrique, des fournisseurs de composants pour drones et d’équipements militaires sont également ciblés par Londres, des acteurs localisés en Chine, en Turquie et en Asie centrale.
Sanctions stériles ?
Si les sanctions nourrissent un certain complotisme africain, elles ont également la réputation d’être largement stériles, les criminels de guerre et autres oligarques tapis dans l’ombre étant passés maîtres dans l’art de la feinte. Le ministère britannique espère pourtant que sa nouvelle salve de sanctions, en plus de ses répercussions médiatiques, permettra de « frapper au cœur de la machine de guerre de Poutine ».
Le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, au Commonwealth et au Développement dénonce l’intérêt de la Russie pour « l’instabilité en Afrique ». En tournée africaine, pour la première fois, David Lammy affirme vouloir impulser une « nouvelle approche » britannique à l’égard du continent. Mais le trajet de son déplacement officiel s’effectue loin de la zone francophone citée dans le communiqué des sanctions…
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