La junte assoit son pouvoir, le gouvernement dans un camp militaire
La junte qui a pris le pouvoir en par un coup d’Etat militaire, peu après le décès du chef de l’Etat Lansana Conté, a conforté son autorité en obtenant que le Premier ministre et son gouvernement se rendent dans un camp, comme elle leur avait ordonné.
Le coup de force, perpétré sans violence mardi, a été condamné par la communauté internationale mais deux importantes coalitions de l’opposition au régime de Lansana Conté ont "pris acte" du putsch, sans le condamner.
Un calme apparent régnait jeudi dans le centre de la capitale, sans tension particulière, les véhicules recommençant progressivement à circuler, après la réouverture des stations service.
La présence militaire était discrète dans la ville. De nombreux militaires gardaient toujours l’entrée du camp Almamy Samory Touré où était "couché", selon eux, le corps du général-président Lansana Conté, mort de maladie après 24 ans de règne sans partage et très contesté.
Depuis deux jours, l’incertitude planait sur le sort des dignitaires du régime Conté.
Mais, dans la matinée, les membres du gouvernement se sont retrouvés dans le quartier de Camayenne, à la périphérie de la capitale, au domicile privé d’Ahmed Tidiane Souaré, nommé Premier ministre en mai par le général-président Lansana Conté dont il était proche.
Ils se sont ensuite rendus, à bord de divers véhicules, au vaste camp Alfa Yaya Diallo où des militaires sont entrés derrière eux, a constaté un journaliste de l’AFP.
La junte avait ordonné mercredi soir à "tous les officiers généraux de l’armée" et "membres du gouvernement" de gagner ce camp militaire dans les 24 heures, avertissant que "passé ce délai" un "ratissage" serait organisé dans le pays.
Cet ultimatum avait été diffusé à la radio et à la télévision d’Etat par le Comité national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte) dirigé par le capitaine , autoproclamé mercredi soir "président de la République" de Guinée.
C’est ce même capitaine qui avait annoncé, dès mardi matin, que le gouvernement était "dissous".
Lors de sa première conférence de presse mercredi soir dans ce même camp, le chef de la junte a déclaré: "Il y a une chose que les hommes politiques ne doivent pas oublier. Lorsque vous êtes lâché, abandonné par des citoyens, il faut être très clair et démissionner, faute de quoi, tu passes pour un homme indigne".
Il s’est par ailleurs félicité du "soutien" affiché par quelques milliers d’habitants de Conakry aux putschistes qui ont paradé, en armes, mercredi après-midi, dans le centre de la capitale.
Deux importantes coalitions de l’opposition au régime de Lansana Conté ont "pris acte" du coup d’Etat militaire, sans le condamner.
Elles ont dans le même temps demandé, dans un communiqué, la formation d’une "structure gouvernementale" qui devra "organiser au plus tard fin décembre 2009 des élections transparentes, libres et crédibles".
Il s’agit de la Coalition des forces vives pour le changement (CFC) et de l’Alliance nationale pour l’Alternance démocratique (ANAD) représentées respectivement par Alpha Condé – opposant écroué fin 1998, libéré en 2001 sous la pression internationale – et par Sidya Touré, ancien Premier ministre (1996-1999).
En revanche, la communauté internationale continue de condamner ce coup de force, les dernières réactions émanant du Canada et de l’Union africaine, cette dernière menaçant de sanctions "fermes" les putschistes.
Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, est attendu vendredi à Conakry pour assister aux funérailles nationales du président Conté.
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