Le chef des putschistes affirme être le nouveau « président de la République »

Les militaires putschistes ont assis leur pouvoir mercredi au lendemain du coup d’Etat en en paradant victorieux dans les rues de la capitale Conakry, après s’être choisis un chef de la junte en la personne du capitaine Moussa Dadis Camara.

Des soldats putschistes défilent dans les rues de Conakry, le 24 décembre 2008

Des soldats putschistes défilent dans les rues de Conakry, le 24 décembre 2008

Publié le 24 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Ce dernier a affirmé mercredi soir à la presse être le nouveau « président de la République ».

Alors que la situation semblait encore très confuse dans la matinée, le soutien à la junte au sein de l’armée étant difficile à évaluer, le coup d’Etat semblait confirmé dans la soirée, les putschistes paradant, acclamés par la rue, dans la péninsule stratégique du Kaloum, véritable « coeur du pouvoir » dans le centre de Conakry.

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En début d’après-midi, le capitaine Moussa Dadis Camara a été nommé chef de la junte (appelée Conseil national pour la démocratie et le développement – CNDD) et donc chef de l’Etat selon un communiqué lu à la radio publique.

La veille, les putschistes n’avaient pas réussi à nommer leur chef en raison de dissensions internes, ce qui avait créé une certaine incertitude quant à l’issue du coup de force.

Ce capitaine intervient à la radio nationale au nom des putschistes depuis le coup de force survenu mardi matin, quelques heures seulement après le décès du président Lansana à l’âge de 74 ans, dont 24 au pouvoir.

Dans la foulée, pour afficher leur pouvoir alors que le gouvernement a répété lundi n’avoir pas été dissous, le chef de la junte et les putschistes ont quitté leur base, située au camp militaire Alfa Yaya, pour parader dans les rues de la capitale, par endroits acclamés par la population massée sur les bords de la route, a constaté une journaliste de l’AFP.

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Sur l’autoroute Fidel Castro, un des principaux axes, ils se sont affichés à bord de plusieurs dizaines de véhicules de l’armée ou de la police, exhibant des fusils-mitrailleurs. Beaucoup portaient le béret rouge du bataillon autonome des troupes aéroportées (Bata, paracommado) et levaient les bras en signe de victoire.

Dans la soirée, plusieurs milliers de personnes ont attendu près du palais présidentiel le chef de la junte qui n’a finalement pas prononcé le discours annoncé.

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« Ces gens (les responsables du régime de Lansana Conté) nous ont beaucoup fatigués. On préfère ce militaire là, un militaire démocrate et qui dénonce la misère en Guinée », a déclaré à l’AFP Abdoulaye Sako, chômeur de 27 ans.

A Nzérékoré (1. 000 km au sud-est de Conakry), plusieurs centaines de personnes sont également sorties pour fêter l’accession au pouvoir du capitaine, originaire de la région, selon des témoins contactés par téléphone par l’AFP.

Dans la journée, marchés, stations-service et grands magasins sont demeurés fermés à Conakry. Seules quelques échoppes ont ouvert, la grande majorité de la population préférant rester chez elle par crainte de violences.

Les auteurs du coup de force, qui avaient décrété le couvre-feu dans tout le pays de 20H00 à 06H00 (locales et GMT) à compter de mercredi, l’ont repoussé à vendredi « pour permettre aux chrétiens de passer tranquillement la fête de Noël ».

Ils ont aussi tenté de rassurer en fixant un terme à la « transition ».

« Peuple de Guinée, la prise du pouvoir par ton armée est un acte de civisme qui répond à la volonté de sauver un peuple en détresse. Fier d’avoir accompli cette mission, le Conseil (junte) n’a aucune ambition de s’éterniser au pouvoir », ont-ils indiqué dans un communiqué.

« Le Conseil s’engage à organiser des élections libres, crédibles et transparentes fin décembre 2010 », selon le texte.

Le mandat du président Conté, dont les funérailles nationales sont prévues vendredi, s’achevait fin 2010. Selon la Constitution, le président de l’Assemblée nationale devait à la mort du chef de l’Etat assurer provisoirement la gestion du pays avant d’organiser des élections dans les 60 jours.

Dans le même temps et pour la première fois, les putschistes ont également reconnu les divisions au sein de l’armée, véritable colonne vertébrale du régime Conté. Selon eux, des militaires loyalistes « envisagent l’intervention de mercenaires venus des pays voisins qui sont déjà à l’intérieur du territoire ».

Ces derniers développements sont intervenus alors que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a brandi mercredi la menace de sanctions « fermes » contre les putschistes « dans le cas où le coup d’Etat serait consommé ».

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