Tutu a « honte » de l’Afrique du sud pour son inaction face à Mugabe

"J’ai évidemment honte de ce qu’ils ont fait (l’Afrique du sud) aux Nations unies", a déclaré mercredi l’archevêque à la retraite sur radio BBC 4.

"Que le monde dise +nous attendons que l’Afrique du sud ne soit plus au Conseil de sécurité pour que l’on puisse agir+, est une terrible mise en accusation d’un pays jusqu’alors fier de sa lutte contre un régime cruel", a relevé Desmond Tutu, estimant que l’Afrique du sud aurait dû "depuis très longtemps être en première ligne".

"Je crains que nous ayons trahi notre héritage. . . Quelles souffrances (le peuple zimbabwéen) va-t-il devoir encore endurer pour que nous disions +non, nous avons donné suffisamment de temps à Mugabe+", s’est interrogé M. Tutu.

Le gouvernement sud-africain s’est toujours opposé à toute ingérence de l’ONU au Zimbabwe, ne soutient pas les appels à la démission de Mugabe et estime qu’il ne devrait pas être démis de ses fonctions par la force.

Mais l’Afrique du sud est en passe de libérer le siège temporaire qu’elle occupe depuis deux ans au Conseil de sécurité.

L’ancien archevêque a une nouvelle fois évoqué l’utilisation de la force pour chasser Mugabe, 84 ans, du poste qu’il occupe depuis 28 ans.

"Si Mugabe s’obstine et reste aussi intransigeant qu’il l’a été au sujet de la formation d’un gouvernement d’union, alors on doit lui demander de partir. S’il refuse, je pense réellement que nous devons invoquer cette nouvelle doctrine du devoir de protection", a poursuivi M. Tutu.

Le prix Nobel de la Paix, interrogé pour savoir si cela signifiait l’utilisation de la force, a répondu: "Oui, oui, ou en tout cas la menace" de la force.

Mugabe "doit savoir et ses acolytes doivent savoir que le monde ne va pas se contenter de rester assis à ne rien faire, qu’il va essayer de les faire partir et qu’en plus il va être inculpé par la Cour pénale internationale", a relevé Desmond Tutu.