L’armée met en garde contre le « risque d’affrontement imminent »

Depuis samedi, armée et rébellion s’accusent mutuellement de mouvements de troupes dans les environs du camp de déplacés de Kibati, à 15 km seulement au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.

Le commandant des opérations des Forces armées de RDC (FARDC) dans le Nord-Kivu, le colonel Delphin Kahimbi, a estimé mardi que ce rapprochement entre les belligérants était l’oeuvre de la rébellion.

« Ce sont eux qui avancent vers nous. Les FARDC n’ont pas besoin d’avancer. Notre intérêt, c’est récupérer tout le territoire national », a déclaré le colonel Kahimbi.

« De 120 m où elles se trouvaient, les troupes du CNDP ont avancé de 45 m et sont maintenant à 75 m des nôtres. Il y a risque d’affrontement imminent », a-t-il ajouté.

De son côté, le porte-parole du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP, dirigé par Laurent Nkunda), Bertrand Bisimwa, a minimisé ces mouvements de troupes, assurant que l’armée était toujours stationnée à 100 mètres des troupes du CNDP près du camp de Kibati.

Après la reprise des combats fin août, la rébellion a infligé de lourdes défaites à l’armée régulière dans le Nord-Kivu, arrivant aux portes de Goma avant de décréter un cessez-le-feu unilatéral fin octobre. Depuis, un calme précaire émaillé d’affrontements sporadiques prévaut dans la région.

Mais la tension est restée forte autour de la ligne de front près de Kibati.

La Mission de l’ONU en RDC (Monuc) s’est déclarée mardi très préoccupée, soulignant que les belligérants étaient « très rapprochés les uns des autres à Kibati ».

Le CNDP a en outre de nouveau accusé mardi les FARDC d’avancer vers des zones sous leur contrôle dans la région de Kanyabayonga, à une centaine de km au nord de Goma.

« Hier (lundi), nous les avons mises en déroute alors elles essayaient d’avancer entre Mabenga (à 40 km de Kanyabayonga) et Rwindi », a assuré Bertrand Bisimwa.

L’armée congolaise a rejeté ces accusations.

La tension entre Kinshasa et le CNDP s’est accrue samedi, lorsque ce dernier a refusé de signer une déclaration conjointe de cessation des hostilités avec des représentants du gouvernement congolais lors de pourparlers directs à Nairobi. De surcroît, la rébellion a refusé de s’engager de nouveau à respecter son propre cessez-le-feu unilatéral de fin octobre.

Le colonel Delphin Kahimbi a, d’autre part, accusé mardi le Rwanda voisin de préparer des renforts pour la rébellion de l’ex-général Nkunda.

« Nous avons des informations fiables selon lesquelles l’armée rwandaise a regroupé 8. 500 hommes qu’elle va envoyer à Nkunda pour secouer Goma et nos positions dans le Masisi », plus au nord, a-t-il déclaré.

Selon un rapport d’experts de l’ONU publié le 12 décembre, le Rwanda apporte une aide multiforme au CNDP, recrutant notamment des soldats, « y compris des enfants », et facilitant « la fourniture d’équipement militaire » à la rébellion.

A Rutshuru (80 km au nord de Goma), ville sous contrôle rebelle, Laurent Nkunda a participé mardi à une réunion de son mouvement consacrée « à la réforme administrative axée sur le développement des territoires sous contrôle du CNDP ».

La réunion a regroupé des notables, des chefs coutumiers, des responsables des confessions religieuses, des administratifs du CNDP et tous les cadres politiques de la rébellion, selon un responsable de ce mouvement, Désiré Rukomera.

Les combats qui avaient repris fin août au Nord-Kivu avant de baisser considérablement en intensité fin octobre ont fait, selon des estimations de l’ONU, plusieurs centaines de morts et de blessés.

Les affrontements ont jeté sur les routes plus de 250. 000 personnes, qui vivent dans des conditions déplorables.