Tentative de coup d’Etat militaire après la mort du président Conté

Une tentative de coup d’Etat militaire était en cours hier, quelques heures seulement après l’annonce de la mort du chef de l’Etat, le général Lansana , qui était au pouvoir depuis 1984, suscitant une vive inquiétude de la communauté internationale.

Des soldats en véhicules blindés dans les rues de Conakry le 23 décembre 2008

Des soldats en véhicules blindés dans les rues de Conakry le 23 décembre 2008

Publié le 23 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Les deux principaux responsables politiques du pays ont refusé de reconnaître le coup de force des putschistes, le président de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, affirmant même qu’une "minorité de soldats et d’officiers" était impliquée et que "la grande majorité est encore loyaliste".

En début de matinée, quelques heures seulement après l’annonce de la mort du "président-général", le capitaine Moussa Dadis Camara a lu un communiqué à la radio nationale: "A compter d’aujourd’hui, la Constitution est suspendue, ainsi que toute activité politique et syndicale".

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"Le gouvernement et les institutions républicaines sont dissous", a-t-il ajouté en annonçant qu’un "conseil consultatif" allait être mis en place, "composé de civils et militaires".

Les putschistes ont justifié leur action par "les détournements de deniers publics, la corruption généralisée, l’impunité érigée en méthode de gouvernement, l’anarchie dans l’appareil de l’Etat".

En fin de matinée, les militaires regroupés dans un "Conseil national pour la démocratie et le développement" (CNDD) ont demandé aux "membres du gouvernement et à tous les officiers généraux de se rendre" au principal camp militaire du pays, à Conakry, "en vue d’assurer leur sécurité".

Mais cet appel n’a guère été suivi. Le coup de force constitue "un recul pour le pays et j’espère que ce ne sera pas consacré", a déclaré le président de l’Assemblée nationale, à qui la gestion des affaires du pays devait revenir temporairement.

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Le gouvernement "n’est pas dissous", a renchéri le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré. "Je suis sûr qu’ils reviendront à la raison. Ils n’ont pas utilisé la force. Il n’y a de menace contre personne", a-t-il assuré.

Mais, si aucune violence n’a été signalée dans le pays depuis le décès présidentiel et la tentative de coup d’Etat, une certaine confusion au sein des putschistes étaient perceptible dans l’après-midi.

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Des tractations ont eu lieu au camp Alfa Yaya Diallo, le plus grand du pays, et une majorité de putschistes ont choisi comme chef le lieutenant-colonel Sekouba Konaté, commandant du bataillon autonome des troupes aéroportées (Bata), principale unité d’élite de l’armée, selon des militaires loyalistes.

Mais des putschistes ont refusé ce choix car il n’était pas le plus gradé, selon ces sources. Restant sur ce désaccord, les putschistes ont ensuite quitté le camp pour aller au centre-ville.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui est intervenu à la radio nationale pour annoncer le coup de force, est donc un porte-parole s’exprimant au nom des putschistes.

Le président Conté, 74 ans, était arrivé au pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup d’Etat militaire, peu après la mort du "père de l’indépendance" Ahmed Sekou Touré.

Il s’était toujours appuyé sur l’armée pour se maintenir au pouvoir mais des divisions entre les officiers et la troupe étaient récemment apparues, notamment lors d’une mutinerie fin mai-début juin ayant fait au moins trois morts et des dizaines de blessés.

Dans la nuit de lundi à mardi, le président de l’Assemblée nationale avait annoncé à la télévision d’Etat le décès de Lansana Conté et demandé au président de la Cour suprême de faire appliquer la Loi fondamentale.

La gestion des affaires du pays devait alors revenir temporairement au président de l’Assemblée nationale, chargé d’organiser une élection présidentielle dans les 60 jours, un délai jugé très court par les observateurs au vu de l’état de désorganisation du pays.

Face à la dégradation de la situation, l’Union européenne (UE), l’Union africaine (UA), les Etats-Unis et la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH) ont condamné ce coup de force et appelé au respect de la Constitution pour des élections libres.

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