Mauritanie: le président Sidi « libéré » manu militari quatre mois après le putsch

Le président mauritanien renversé le 6 août par un coup d’Etat, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a été « libéré » dimanche sur ordre de la junte, mais son entourage a déploré qu’il ait été convoyé « contre son gré » par des officiers, en pleine nuit, jusqu’à Nouakchott.

Publié le 21 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Et immédiatement après son arrivée dans la capitale, le président a pris la route pour regagner son village natal de Lemden (250 km de la capitale), afin d’y « préparer son retour à Nouakchott » selon « son propre agenda », a déclaré à l’AFP l’un de ses proches.

Sous la pression internationale, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, aux commandes du pays depuis le putsch, s’était engagé le 7 décembre à libérer « sans conditions, au plus tard le 24 décembre » le président démocratiquement élu en mars 2007 et renversé en août.

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Détenu depuis 136 jours dans des villas, d’abord à Nouakchott puis à Lemden, le président était officiellement en « résidence surveillée ».

Dimanche matin, une source sécuritaire, ne souhaitant pas être citée, a annoncé à l’AFP: « Le président Sidi a été libéré, quatre véhicules militaires sont venus le prendre à Lemden pour le ramener dimanche aux premières heures à Nouakchott. Il a été déposé par les militaires chez lui, à son domicile privé de Nouakchott. Il est désormais libre de ses mouvements ».

Mais une personne très proche du président Sidi a ensuite critiqué les conditions de ce transfert nocturne, « contre son gré ».

« Il a été réveillé ente deux et trois heures du matin par les militaires qui prétendaient être porteurs d’un message. Le président aurait souhaité rester à Lemden mais les militaires ont tenu à ce qu’il les accompagne à Nouakchott », a relaté cette source.

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« Deux membres du Haut conseil d’Etat (junte) se trouvaient dans le véhicule militaire qui a amené le président à Nouakchott, les colonels Mohamed Ould Meguedt et Mohamed Ould El-Adi », selon cet ancien haut responsable sous le régime du président.

« Aussitôt » après son arrivée dans la capitale, selon cette source, le président a pris la route dans un véhicule personnel vers son fief de Lemden. « Il souhaite y revenir pour préparer son retour à Nouakchott, dans la sérénité et selon son propre agenda », a-t-elle annoncé.

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Ni le président Sidi ni sa fille n’ont pu être joints directement par l’AFP.

Ayant condamné le coup d’Etat, la communauté internationale a réclamé, depuis lors, la remise en liberté du président élu et le « retour à l’ordre constitutionnel ». L’Union européenne (UE) menace toujours la Mauritanie de sanctions qui pourraient passer par une suspension des relations diplomatiques ou de l’aide au développement (hors aide humanitaire).

« Sidi », dont la candidature à la présidentielle de 2007 avait été soutenue par les officiers les plus influents, avait été destitué par ces mêmes officiers le matin du 6 août. Il venait d’annoncer le limogeage des chefs des quatre corps de l’armée, dont le commandant de la garde présidentielle, le général Ould Abdel Aziz.

Ce dernier n’a pas cessé depuis le putsch d’attaquer les 15 mois de gestion de Sidi, qu’il présente comme « l’ancien président rêvant d’être encore président ».

La junte a fait réprimer, puis interdire, les manifestations des anti-putschistes qui réclament toujours le rétablissement du président « dans la plénitude de ses prérogatives ».

Le nouveau pouvoir va organiser le 27 décembre ce qu’il appelle « des états généraux de la démocratie », journées de concertation qui doivent notamment fixer la date d’une élection présidentielle.

Mais le président Sidi lui-même a dit « catégoriquement non » à cette concertation, dans un entretien au journal français Le Monde daté de dimanche. « Répondre oui, ce serait légitimer le coup d’Etat et s’incliner devant le fait accompli », a-t-il affirmé en se disant « fermement décidé à lutter pour faire échouer ce coup d’Etat ».

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