Attaque meurtrière d’un poste militaire par des rebelles touareg

L’attaque d’un poste militaire malien à Nampala (500 km au nord-est de Bamako) samedi par des rebelles touareg a fait officiellement « 9 morts et 12 blessés » dans les rangs des forces armées et « 11 morts et de nombreux blessés » parmi les « assaillants ».

Des représentants des rebelles touareg et du gouvernement malien le 3 avril 2008 à Tripoli

Des représentants des rebelles touareg et du gouvernement malien le 3 avril 2008 à Tripoli

Publié le 21 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Samedi matin, cette action meurtrière avait immédiatement été attribuée par des autorités sur place au groupe de rebelles touareg dirigé par Ibrahim Ag Bahanga, comme la plupart des actions qui ont mis à mal, depuis août 2007, l’accord de paix signé à Alger en 2006.

Une source proche d’Ag Bahanga avait confirmé en déclarant à l’AFP: « Lors de notre attaque, nous avons pris le dessus parce que nous nous sommes préparés. Il y a eu dans les rangs de l’armée plus de 20 morts. Nous le regrettons, mais c’était eux ou nous. De notre côté, nous avons des blessés ».

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Dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche, le ministère de la Défense n’évoque pas les touareg armés mais évoque des « assaillants » liés au trafic de drogue. « Le poste militaire de Nampala a été attaqué par une bande liée aux narcotrafiquants. Bilan: Côté forces armées et de sécurité: 9 morts et 12 blessés; côté assaillants: 11 morts et de nombreux blessés ».

Un responsable du ministère, interrogé par l’AFP, a affirmé que ce vocable était utilisé parce que les +assaillants+ étaient venus à bord de véhicules formellement identifiés comme ceux appartenant à des trafiquants de « drogue ». Par ailleurs, une source indépendante dans la région a annoncé que des « civils » avaient trouvé la mort. « Je crois que c’est juste de dire qu’il y a +au moins 20 militaires et civils tués par les +assaillants+ » a déclaré cette source.

« Les assaillants venus à bord d’une quinzaine de véhicules sont repartis, sans avoir été arrêtés », a précisé une source administrative à Nampala, assurant qu’ils avaient pris des « otages ». « C’est d’abord avant tout une attaque-surprise. Ils (les rebelles) avaient un avantage certain au début, avant que les soldats maliens ne ripostent », a estimé un conseiller municipal de la zone.

Identifié comme le « cerveau » de l’opération, Ag Bahanga aurait reçu l’appui d’autres groupes de rebelles touareg. Et son groupe, qui détenait déjà trois militaires maliens, aurait par cette opération grossi le nombre de ses otages, monnaie d’échange ou moyen de pression sur le gouvernement. Ces affrontements, dans une zone sahélienne à la frontière avec la Mauritanie, interviennent moins d’une semaine après que le président malien Amadou Toumani Touré eut invité les groupes rebelles touareg à « faire la paix ».

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« Je suis formé pour faire la guerre, mais je préfère la paix. J’invite mes frères qui sont dans les montagnes (rebelles) à venir faire la paix », avait-il dit lors d’un déplacement dans le Nord.

Samedi, le président a appelé au « calme » et à « l’unité nationale », avant d’affirmer: « Personne ne pourra diviser le Mali ». Selon des analystes, ces hostilités sont l’initiative de « faucons » au sein des groupes rebelles qui accusent le gouvernement de « traîner » dans l’application de l’accord d’Alger de 2006. Cet accord stipule que les Touareg ne doivent plus réclamer l’autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement des régions du Nord.

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Mais Ag Bahanga, le plus radical des chefs de groupes rebelles, demande depuis 2007 que l’armée allège son dispositif dans la zone de Tinzawaten, à la frontière avec l’Algérie. Le gouvernement a toujours répondu que ses troupes n’en partiraient pas, arguant qu’il s’agit d’un lieu de transit pour le trafic international de drogue, dans lequel il accuse Ag Bahanga d’être impliqué.

Sous l’égide de l’Algérie, gouvernement et rebelles ont signé un nouvel accord en juillet 2007, mais semblent, depuis, faire un pas en avant vers la paix, deux pas en arrière, dans ces négociations auxquelles ne participent plus, depuis plusieurs mois, le groupe d’Ag Bahanga.

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