le parti de Mugabe réuni sur fond de crise politique et sanitaire
Le parti au président zimbabwéen Robert Mugabe, ébranlé par la défaite historique du régime aux législatives de mars, tient son congrès annuel alors que s’enlisent les négociations pour un gouvernement d’union et que le pays plonge dans la misère.
Le président, réélu en juin lors d’un scrutin entaché de violences dont il était le seul candidat, a promis dans le quotidien d’Etat The Herald une prochaine reprise des pourparlers directs avec le leader de la nouvelle majorité parlementaire, Morgan Tsvangirai.
Il a exhorté les délégués au congrès à "examiner" un amendement à la Constitution déposé la semaine dernière au Parlement, qui ouvre la voie à ce gouvernement en créant le poste de Premier ministre.
Aux termes d’un accord de partage du pouvoir, signé le 15 septembre entre M. Mugabe et le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), ce poste est dévolu à M. Tsvangirai.
L’amendement doit être adopté par une majorité des deux tiers, ce qui implique le soutien de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) de M. Mugabe comme du MDC.
Le Parlement a 30 jours pour se prononcer. Mais les désaccords sur l’attribution de ministères clés menacent le vote.
Et, lors d’une conférence de presse à Gaborone, au Botswana voisin, M. Tsvangirai a jeté une nouvelle donne dans les négociations. Il a exigé que les membres du MDC – au moins 42 selon lui – qui ont disparu depuis le 15 septembre soient relâchés ou présentés devant la justice avant le 1er janvier, faute de quoi il romprait tout contact.
Son avertissement intervient alors que montent les appels dans le monde pour le départ du président, 84 ans dont 28 au pouvoir, devant l’enlisement des négociations et l’effondrement des infrastructures d’un pays à l’économie dévastée.
Une épidémie de choléra s’étend sans répit au Zimbabwe et a déjà fait 1.123 morts depuis août, selon un dernier bilan de l’ONU publié vendredi.
Faute d’équipement et de semences, la famine menace près de la moitié de la population de l’ancien grenier à grains d’Afrique australe.
Selon La Voix, journal officiel de la Zanu-PF, la succession du plus vieux chef d’Etat d’Afrique n’est pas à l’ordre du jour du congrès. Officiellement, les délégués réunis à Bindura, une petite ville minière à 80 km au nord-est de Harare, doivent discuter des façons de "revigorer" le parti après sa défaite électorale.
Dans les faits, "la Zanu-PF va devoir s’attaquer à ses divisions internes" qui l’ont conduite à perdre sa majorité au Parlement, estime l’analyste politique Caesar Zvayi. "Actuellement, le pays fonctionne sans un réel gouvernement et les services sociaux comme la santé ont été déclarés en état de catastrophe", constate-t-il.
L’armée souffre également de l’effondrement économique, caractérisé par une inflation inouïe, officiellement à 231 millions pour cent en taux annuel, et des pénuries de produits de base. Des révoltes parmi les soldats se sont traduites il y a deux semaines par des pillages à Harare.
Dans ce contexte, l’Afrique du Sud, puissance régionale au rôle pivot dans les pourparlers, maintient ses efforts pour une solution négociée et refuse de se joindre à la condamnation internationale de M. Mugabe.
Mais, en coulisse, la patience de ses dirigeants semble toucher à sa fin, d’autant que l’épidémie de choléra a débordé ses frontières, avec la fuite de milliers de Zimbabwéens.
La direction du parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la chute de l’apartheid, le Congrès national africain, a estimé lors d’une réunion à huis clos jeudi que "le temps de l’attente" devait maintenant s’achever, selon le quotidien The Star.
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