Pretoria privilégie le dialogue et refuse d’appeler au départ de Mugabe

L’Afrique du Sud continue de privilégier les négociations pour un gouvernement d’union au Zimbabwe en dépit de la crise humanitaire et politique dans laquelle s’enfonce ce pays, refusant mercredi de se joindre aux appels pour le départ du président Robert Mugabe.

Publié le 17 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Le président de la première puissance économique du continent, Kgalema Motlanthe, a déclaré espérer la création « cette semaine » d’un gouvernement d’union nationale. Il a aussi annoncé le lancement par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) d’ »une campagne internationale d’urgence » pour lutter contre le choléra.

L’épidémie de choléra a déjà fait près de 1. 000 morts et plus de 18. 000 malades depuis août. Si rien n’est fait, elle pourrait toucher quelque 60. 000 personnes, selon des organisations internationales, qui estiment par ailleurs que la moitié de la population est menacée de famine en raison de l’effondrement de l’économie.

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Interrogé pour savoir jusqu’à quel point les conditions devaient se dégrader avant que Pretoria, allié de Harare, ne demande au président Mugabe de partir, M. Motlanthe a répondu: « Ce n’est vraiment pas à nous » de faire de telles demandes.

« Je ne sais pas si les Britanniques se sentent qualifiés pour imposer au peuple zimbabwéen (le départ de M. Mugabe), mais nous estimons que nous devons vraiment soutenir » les Zimbabwéens, a ajouté M. Motlanthe lors d’une conférence de presse à Pretoria.

L’Afrique du Sud, qui préside actuellement la SADC, a ainsi été le seul pays à refuser lundi d’adopter au Conseil de sécurité de l’ONU une déclaration non contraignante condamnant l’incapacité du régime de Robert Mugabe à protéger la population de la faim et de la maladie, selon des diplomates.

Pour être adoptée, une déclaration nécessite l’unanimité des quinze membres du Conseil, dont de nombreux pays ont réclamé le départ de M. Mugabe, 84 ans, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980.

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La Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, le Canada, et depuis mercredi l’Australie, ont demandé à M. Mugabe de quitter la présidence, alors que son pays traverse une grave crise politique depuis les élections générales de mars et connaît une hyperinflation inouïe de 231 millions % ainsi qu’une crise humanitaire sans précédent qui affecte aussi les pays voisins.

Des centaines de Zimbabwéens fuient notamment en Afrique du Sud où au moins dix personnes sont mortes du choléra.

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L’opposition a également dénoncé une répression croissante. Plus de 20 opposants ont été enlevés, selon elle, et des ONG ont rapporté quatre enlèvements début décembre de défenseurs des droits de l’Homme.

Mercredi, M. Motlanthe a simplement espéré qu’un gouvernement d’union, avec M. Mugabe comme président et le leader de l’opposition Morgan Tsvangirai comme Premier ministre, serait mis en place « cette semaine », après la publication samedi d’un amendement constitutionnel créant le poste de chef du gouvernement.

« Une fois que l’amendement a été publié, un tel gouvernement peut être formé immédiatement. Une fois en place, nous pensons que cela donnera la possibilité de gérer les vrais problèmes », a estimé M. Motlanthe.

Les désaccords entre pouvoir et opposition ne sont pourtant pas résolus. Depuis la signature mi-septembre d’un accord de partage du pouvoir, les deux camps n’arrivent pas à s’entendre sur la formation du gouvernement d’union, en particulier sur la répartition des ministères clés.

La SADC, avec à sa tête le médiateur sud-africain Thabo Mbeki, a plusieurs fois tenté de résoudre cette impasse en exhortant pouvoir et opposition à trouver un terrain d’entente.

A l’exception du Botswana voisin, les pays de la région n’ont cependant jamais voulu utiliser la puissante pression économique sur le plus vieux chef d’Etat d’Afrique.

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