En RDC, les lampions du festival Amani éteints avant d’être allumés

À deux jours du dixième anniversaire du grand rendez-vous culturel des Grands Lacs, la mairie de Goma a décidé d’annuler l’évènement. Les organisateurs déplorent le bâillonnement de cet outil de résilience et qui contribue à la vitalité économique de la ville.

© Damien Glez

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Publié le 15 novembre 2024 Lecture : 2 minutes.

En RDC, les organisateurs du festival Amani ont dû annoncer, au dernier moment, le report d’une manifestation qui, depuis neuf éditions, se présente comme « trois jours de danse et de musique pour une paix durable dans la région des Grands Lacs ». Les festivités devaient se dérouler du 14 au 17 novembre et un communiqué des initiateurs insiste sur le fait que la décision d’annulation par le « maire policier de Goma« , Faustin Kapend Kamand, leur est parvenue « par le canal des réseaux sociaux ».

Surprenant, le canal d’information, surprenante, l’absence de dialogue « des autorités locales et provinciale » avec les « mouvements citoyens et groupes des jeunes de Goma » qu’elles connaissent depuis plusieurs éditions, surprenants le refus d’une médiation et le défaut de « préavis », surprenante la date tardive de l’interdiction, le 12 novembre. À ce dernier argument, le maire répond par l’évocation d’une autre surprise…

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Une mesure « aussi grave qu’unilatérale »

Le communiqué de la mairie indique que celle-ci n’aurait pas été informée de l’organisation des trois jours de concerts. Les organisateurs du festival estiment que si la raison évoquée avait été avérée, elle n’aurait pas justifié une mesure « aussi grave qu’unilatérale ». Mais ils insistent surtout sur le fait qu’ils auraient « envoyé depuis le mois d’août 2024 des correspondances annonçant la tenue de la dixième édition, y compris au maire de Goma ». « Cela se fait toujours dans les règles », insiste le directeur d’Amani, Guillaume Bisimwa.

Alors que la manifestation est souvent présentée comme le plus grand festival de la région des Grands Lacs – un budget de 350 000 dollars, et 400 000 dollars d’appui technique -, cette édition devait notamment recevoir le rappeur franco-guinéen Black M et le chanteur de rumba congolaise Ferre Gola. Plusieurs délégations étaient déjà arrivées à Goma.

Quel avenir pour le festival ?

Cette annulation du dixième anniversaire ayant été précédée de plusieurs reports, les organisateurs tentent de faire vibrer la corde sensible d’une éventuelle disparition. Après avoir déploré le gâchis de tant d’efforts « menés au niveau local, provincial et national » et rassuré, en post-scriptum du communiqué, que « les billets achetés et les frais payés pour les stands seront intégralement remboursés », ils revendiquent la prise du « temps nécessaire pour réfléchir à l’avenir de cet événement phare de la ville ».

Les jours prochains dévoileront peut-être davantage les motivations profondes des autorités, mais la direction d’Amani insiste sur le fait que la « dynamique culturelle et citoyenne » diffusée par ces festivités dans Goma est un atout fondamental pour la cohésion sociale, le redressement économique de la ville, la gestion des traumatismes et, tout simplement, la promotion de la paix. Cette paix qui a donné son mot swahili au nom du festival.

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