CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions de dollars

Détenteur des droits de diffusion des compétitions de la Confédération africaine de football (CAF) jusqu’à décembre 2025, le groupe togolais New World TV, qui ne parvient pas à s’acquitter de ses paiements, fait l’objet de pressions de la part de l’instance africaine de football.

Le PDG de New World TV, Nimonka Kolani et la ministre togolaise des Sports, Lidi Bessi-Kama, lors du passage du trophée Jules-Rimet à Lomé, le 6 septembre 2021. © New World TV

Le PDG de New World TV, Nimonka Kolani et la ministre togolaise des Sports, Lidi Bessi-Kama, lors du passage du trophée Jules-Rimet à Lomé, le 6 septembre 2021. © New World TV

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Publié le 19 novembre 2024 Lecture : 3 minutes.

Alors qu’elle revendique un chiffre d’affaires de 52,5 milliards de F CFA (environ 80 millions d’euros) pour 2023, la chaine togolaise New World TV (NWT) traverse des difficultés financières depuis qu’elle a conclu un accord avec la Confédération africaine de football (CAF), pour la diffusion en clair et à péage, des compétitions et événements de l’instance africaine, en anglais et en langues locales dans 46 pays d’Afrique subsaharienne.

Dans le contrat de licence de 30 pages, que Jeune Afrique a consulté, New World TV s’est en effet engagée à payer 32,5 millions de dollars de « garantie » à la CAF, pour obtenir le droit de diffusion des compétitions sur la télévision payante et 38 millions de dollars pour la Free to air Media (télévision en clair telle que sur les chaînes nationales). Le document a été signé le 6 novembre 2023 par Nimonka Kolani en qualité de représentant de New World TV et « agent » de la CAF, par le secrétaire général Véron Mosengo-Omba et par le directeur commercial de la CAF, Hassan Elkamah.

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34 millions de dollars d’impayés

Ces paiements, échelonnés en trois fois et qui ont débuté quinze jours après la signature du contrat, devaient être soldés le 5 septembre 2024. Mais selon nos informations, à ce jour, le média togolais ne s’est acquitté que de 36 millions de dollars. NWT reste donc redevable à hauteur de 34 millions de dollars.

« Nous avons en ce moment quelques problèmes avec la CAF, car nous avons manqué des échéances de paiements, confirme, à Jeune Afrique, maître Louis Biyao, le conseiller juridique de la chaîne. Nous avons déjà payé la moitié et nous avons sollicité un délai supplémentaire jusqu’au 12 décembre pour honorer nos engagements, mais la confédération s’y oppose », déplore-t-il. Contactée par Jeune Afrique sur ces différents points, la CAF n’a pas donné suite à nos sollicitations.

La chaîne, qui a obtenu un financement de 245 millions d’euros le 22 octobre par la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank), a demandé l’appui de Jean Christophe Petit, directeur des droits médias et des services de contenu à la FIFA, pour ouvrir une médiation avec l’instance dirigeante de la CAF. Le secrétaire général de la CAF, le Suisso-congolais Véron Mosengo-Omba, s’est cependant opposé à la demande du média.

Patrice Motsepe en campagne

Face à cette situation, la CAF a décidé de sévir en multipliant les pressions sur NWT. Selon Louis Biyao c’est ainsi qu’elle a refusé de fournir à NWT, le faisceau hertzien pour que la rencontre qui opposait le Cameroun et la Namibie, le 13 novembre dernier, soit retransmise sur la télévision nationale camerounaise (CRTV). « Les accords de diffusion représentent environ 70 % des revenus de la CAF sur deux ans. Les retards de paiement entraînent un véritable problème de trésorerie qui affecte les projets de développement de la confédération », justifie un ancien cadre.

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Ce retard est en effet un manque à gagner pour le président de la confédération, Patrice Motsepe, lequel a déclaré mi-octobre sa candidature pour un second mandat à la tête de l’instance. Le Sud-africain, dont le premier mandat est émaillé de polémiques, souhaite notamment s’appuyer sur ces fonds pour revendiquer un bilan financier positif auprès des dirigeants des fédérations. À son arrivée, en mars 2021, l’entrepreneur, qui a hérité d’un déficit de 40 millions de dollars de l’organisation, avait promis le changement en réduisant de manière drastique les pertes de l’instance africaine de football.

En attendant, et malgré les difficultés de paiement, la chaîne montante togolaise, qui va diffuser la Coupe du monde 2026 et possède aussi les droits de diffusion de la Ligue des champions en Afrique subsaharienne, poursuit son expansion. NWT vient d’ouvrir des bureaux au Mali. Pour se démarquer de ses concurrents, elle joue sur la solidité de son offre (un bouquet composé d’une centaine de chaînes dont celles des françaises M6, TF1 et France Télévisions et celle du chinois Startimes) et sur la diffusion en langues locales de la Ligue 1 française déjà commentée en evé, en kotokoli et en kabyè.

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Le média mise aussi sur le prix de ses abonnements (de 3 000 à 7 000 F CFA), plus bas que ceux de ses concurrents. Revendiquant un parc de 300 000 abonnés au Togo, NWT vise dans les trois prochaines années 7 à 10 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne.

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