Le processus de paix en lambeaux après l’attaque contre la LRA

Le processus de paix en Ouganda semblait en lambeaux au lendemain d’une opération militaire régionale contre le principal camp de la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC).

Publié le 15 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le porte-parole de l’armée ougandaise a indiqué lundi que les efforts pour conclure un accord de paix global étaient suspendus après l’attaque aérienne dimanche matin menée par l’Ouganda, la RDC et les autorités du Sud-Soudan.

"Nous attaquons leurs camps. Donc en l’état, le processus de paix est à l’arrêt", a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée ougandaise Paddy Ankunda.

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"Nous pensons toujours que si l’occasion se présente de rouvrir des négociations, nous le ferons", a-t-il toutefois ajouté.

Selon un communiqué dimanche des responsables des services secrets des trois pays ayant pris part à l’opération, le principal camp du leader de la LRA, Joseph Kony, appelé camp Swahili, a été détruit par le feu. Ce camp est situé dans les forêts de la Garamba, dans le nord-est de la RDC, à la frontière avec le Sud-Soudan.

Le sort de Joseph Kony lui-même, soupçonné de se cacher dans le nord-est de la RDC, n’a pas été précisé.

Le porte-parole de la rébellion David Nyekorach-Matsanga a condamné les attaques mais affirmé que la LRA entendait toujours faire la paix.

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"L’attaque d’hier (dimanche) était regrettable et elle ne règlera pas les problèmes du nord de l’Ouganda. Mais la LRA ne va pas y répondre", a-t-il déclaré.

"J’ai parlé à mes commandants sur le terrain, y compris au général Kony et il m’a dit qu’il avait l’intention de faire preuve de mesure et que la LRA ne ferait rien pour empirer la situation", a-t-il ajouté, précisant que la rébellion "demeurait ouverte au dialogue".

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Mais la participation au raid du Sud-Soudan, dont le vice-président Riek Machar a été le principal médiateur dans les pourparlers de paix, montre le degré croissant d’isolement de Kony et de ses hommes.

En témoigne également l’autorisation par Kinshasa de laisser pénétrer des soldats ougandais sur son sol alors que les deux pays ont entretenu des relations très tendues depuis la dernière guerre en RDC (1998-2003), au cours de laquelle Kampala avait envoyé des troupes pour combattre le régime congolais en appui à des mouvements rebelles

"Au vu de la gravité de la menace" et uniquement "pour cette opération là, on a accepté" le déploiement de militaires ougandais sur le sol congolais, a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, précisant: "il a fallu un an pour admettre ça".

Le processus de paix ougandais a été lancé en juillet 2006 afin de mettre un terme, dans le nord de l’Ouganda, à 20 ans d’une des guerres civiles les plus longues et plus brutales d’Afrique, qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de près de deux millions de personnes.

Le gouvernement ougandais a paraphé en avril un accord de paix global, mais Joseph Kony a fait faux-bond à plusieurs reprises, réclamant la levée préalable de mandats d’arrêt lancés contre lui et ses principaux lieutenants en 2005 par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité notamment.

Pendant ce temps, la LRA a continué à commettre des atrocités dans des zones isolées dans les pays voisins de l’Ouganda.

L’attaque de dimanche a suscité les critiques de députés du nord de l’Ouganda, soulignant que de nombreux combattants de la LRA avaient été recrutés de force.

"Chaque famille qui a perdu un enfant par le recrutement forcé dans cette guerre se raccroche à l’espoir qu’il soit encore en vie dans la brousse. Alors aujourd’hui, mes pensées vont aux parents qui sont inquiets, parce que cette attaque a peut-être tué leur enfant", a ainsi déploré le député Jimmy Akena.

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