La piraterie s’invite au forum du « Dialogue de Manama »

La piraterie en recrudescence dans le Golfe d’Aden s’est invitée dans les débats du « Dialogue de Manama », forum annuel habituellement consacré aux menaces traditionnelles pour la sécurité régionale que sont le terrorisme, la prolifération nucléaire et les conflits armés.

Publié le 14 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Ce phénomène, qui perturbe la navigation dans une zone par laquelle transitent 12% du commerce maritime et 30% du pétrole brut mondial, est désormais perçu comme une menace pour la sécurité régionale.

En répondant samedi à une question sur le sujet devant le forum, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a admis la difficulté de lutter contre la piraterie dans une zone de plus d’un million de km2, trois fois plus vaste que le Golfe du Mexique.

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Plus d’une centaine de navires ont été attaqués par des pirates somaliens depuis le début de l’année, dont un superpétrolier saoudien. Au moins quinze bateaux et plus de 300 membres d’équipage sont toujours retenus par les pirates.

« Le niveau de renseignement dont on dispose à l’heure actuelle ne permet pas de lancer des raids sur les bases terrestres » des pirates, a ajouté M. Gates dont le pays a pourtant fait circuler au Conseil de sécurité un projet de résolution autorisant la chasse aux pirates jusque sur le sol somalien.

Du côté européen, un officier supérieur français impliqué dans les opérations de lutte contre la piraterie, a qualifié la mission Atalante de « bond en avant » dans la mobilisation internationale contre ce phénomène.

Cette mission, mandatée par l’ONU, vise à escorter les navires onusiens du Programme alimentaire mondial (PAM), qui livrent une importante aide humanitaire à la Somalie, et à patrouiller pour dissuader les pirates d’attaquer les navires marchands, voire tirer sur eux s’ils passaient outre.

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Au moins huit pays – Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède – participent à cette opération.

« C’est vraiment un bond en avant puisque c’est la première fois qu’on a une coalition dont le mandat doit être la lutte contre la piraterie », a déclaré à l’AFP le vice-amiral Gérard Valin, commandant de la zone maritime Océan indien.

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Le vice-amiral, qui dit avoir été pendant six mois à l’avant-garde de la lutte contre les pirates somaliens et avoir été impliqué dans deux opérations pendant lesquelles des bateaux français ont été libérés et des pirates capturés, a affirmé que « la démarche européenne procède d’une approche globale (. . . ) et que l’aspect militaire n’en est qu’un élément ».

Cependant, il a estimé que la piraterie ne serait vaincue que par un gouvernement somalien qui « aura les moyens d’agir sur son sol » et sur ses eaux territoriales. Ce pays africain est sans gouvernement depuis 1991.

En attendant, « il s’agit de parer au plus pressé: protéger nos bateaux car on ne peut pas accepter que la navigation commerciale soit menacée dans le Golfe d’Aden », a ajouté le vice-amiral.

Le Yémen, aux premières loges face aux pirates, a assuré les participants au forum de Manama de sa volonté de coopérer avec les efforts internationaux, après s’être inquiété dans le passé de la concentration près de ses côtes de navires de guerre étrangers.

« Le Yémen est prêt à aider », a déclaré dimanche devant le forum le vice-ministre yéménite des Affaires étrangères, Ali Hassan. « Nous fournirons toute assistance dans le cadre des résolutions des Nations unies », a-t-il dit.

Ahmed Al-Kibsi, un professeur de sciences politiques à l’université de Sanaa, présent à Manama, a admis que son pays seul ou avec ses voisins ne pouvaient rien faire contre les pirates. « Nous avons besoin d’une aide internationale », a-t-il déclaré.

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