Cacophonie régionale sur le départ anticipé des troupes de l’UA

Le Premier ministre éthiopien a semé le trouble et ravivé le spectre d’un vide sécuritaire en Somalie en assurant jeudi que le Burundi et l’Ouganda voulaient retirer leurs hommes avant le départ des troupes éthiopiennes prévu début 2009, suscitant un vif démenti de Kampala.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

A la surprise générale, Meles Zenawi, s’exprimant devant le Parlement éthiopien, a affirmé que le Burundi et l’Ouganda, qui fournissent actuellement l’intégralité des 3. 400 troupes de la mission de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom), lui avaient fait part de leur intention de se désengager du pays avant le départ des troupes éthiopiennes.

L’Ouganda et le Burundi « nous ont déjà informé qu’ils souhaiteraient se retirer avant que nous le fassions, et nous attendons seulement que des bateaux et des avions arrivent en Somalie pour qu’ils puissent organiser leur retrait », a-t-il affirmé.

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L’armée éthiopienne, qui intervient officiellement depuis fin 2006 en Somalie voisine et a mis en déroute début 2007 les tribunaux islamiques qui contrôlaient depuis six mois la majeure partie du centre et du sud du pays, dont la capitale Mogadiscio, a annoncé son retrait total du pays d’ici début 2009.

Depuis la débâcle des islamistes, Mogadiscio et plusieurs régions du pays sont le théâtre d’attaques meurtrières quasi quotidiennes. Les insurgés, menés par la mouvance islamiste, mènent régulièrement des attentats meurtriers visant en particulier les forces somaliennes et éthiopiennes, l’Amisom et les représentants gouvernementaux.

« Nous ne reviendrons jamais sur notre décision, quoi que la communauté internationale dise ou fasse. Nous pouvons partir demain ou les jours d’après, mais notre position est d’assurer que les soldats de la paix de l’UA puissent se retirer en sécurité grâce à des moyens logistiques suffisants », a renchéri M. Meles, en répondant à la question d’un parlementaire.

Le Premier ministre a en outre assuré que l’UA lui avait également fait part de sa volonté de se retirer de Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.

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L’Ouganda, par la voie de son ministère des Affaires étrangères, a catégoriquement et sèchement réfuté cette affirmation.

« C’est totalement faux et c’est contraire à tout ce que nous avons dit. Notre position a toujours été que, si l’Ethiopie se retire de Somalie, nous y augmenterons notre présence », a réagi auprès de l’AFP le ministre adjoint ougandais des Affaires étrangères Okello Oryem.

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« Je suis surpris par cette déclaration. L’Ouganda est prêt à envoyer un bataillon supplémentaire si nécessaire », a-t-il ajouté.

De son côté, le représentant spécial de l’UA en Somalie, Nicolas Bwakira, avait affirmé mercredi à la radio publique burundaise que le Burundi et l’Ouganda avaient accepté de renforcer leurs effectifs au sein de l’Amisom.

« Nous avons récemment demandé au Burundi et à l’Ouganda de mettre à la disposition de l’Amisom un troisième bataillon chacun et les deux pays ont accepté », avait-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le président burundais Pierre Nkurunziza.

Plus nuancé, un haut responsable de l’UA à Addis Abeba, interrogé jeudi par l’AFP, a reconnu que les soldats de l’Amisom étaient « inquiets depuis l’annonce du retrait éthiopien ».

« Notre politique est d’essayer de renforcer l’Amisom, et de convaincre les contingents déjà présents de rester. Nous n’avons pas encore été informés officiellement de cette volonté de retrait par les deux pays », a-t-il toutefois ajouté.

L’Amisom est composée de 3. 400 soldats Ougandais et Burundais sous mandat de l’UA, qui avait prévu une force de 8. 000 hommes pour la Somalie. Mais les Etats membres tardent à fournir les contingents pour cette mission à haut risque.

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