Mugabe prétend que le choléra est terminé, faux répond l’ONU

Le président zimbabwéen Robert Mugabe a soutenu jeudi que l’épidémie de choléra, qui a fait près de 800 morts selon l’ONU, était finie, alors que même l’Afrique du Sud déclarait sa région frontalière « zone de catastrophe » suite à l’afflux de malades et à la contagion régionale.

Le président zimbabwéen Robert Mugabe le 3 juin 2008 à Rome

Le président zimbabwéen Robert Mugabe le 3 juin 2008 à Rome

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

« Je suis heureux d’annoncer que nos médecins ont été aidés par d’autres (organisations), par l’OMS et ils ont maintenant enrayé le choléra », a déclaré M. Mugabe.

A la télévision nationale, il s’en est pris au Premier ministre britannique Gordon Brown ainsi qu’aux présidents français Nicolas Sarkozy et américain George W. Bush qui ont appelé au départ du chef de l’Etat zimbabwéen.

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« A cause du choléra, M. Brown, M. Sarkozy et M. Bush voulaient une intervention militaire. Maintenant qu’il n’y a plus de choléra, il n’y a plus de raison de faire la guerre », a estimé M. Mugabe, dont le gouvernement avait accusé en début de semaine l’Occident d’avoir notamment « contaminé (le pays) avec du choléra » pour « justifier une intervention militaire ».

Peu après cette allocution, l’ONU a fourni un nouveau bilan, sans cesse en hausse, faisant état d’au moins 783 morts du choléra au Zimbabwe depuis août et de 16. 403 cas suspects.

Le plus vieux chef d’Etat africain (84 ans) s’est aussi attiré un démenti immédiat de la France, qui préside actuellement l’Union européenne.

« Contrairement à ce qu’affirme M. Mugabe, l’épidémie de choléra n’est pas endiguée », a déclaré à la presse le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères Frédéric Desagneaux en citant l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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« Dans l’intérêt des populations, il est donc crucial qu’une aide internationale puisse être apportée rapidement au Zimbabwe », a-t-il ajouté.

M. Desagneaux a indiqué pourtant, en le regrettant « vivement », que Harare a refusé des visas à une équipe de six experts que Paris voudrait envoyer afin « d’apporter une première aide sanitaire et médicale et d’évaluer la situation sur le terrain ».

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Transmise par les eaux usées, la maladie ne cesse de se propager depuis août au Zimbabwe en raison du délabrement du système de santé, des réseaux d’eau et d’assainissement lié à l’effondrement de l’économie.

Elle s’étend maintenant aux pays voisins, en particulier à l’Afrique du Sud où dix personnes sont mortes depuis mi-novembre et 688 ont été soignées.

Face à l’afflux de malades et réfugiés, le gouvernement de la province du Limpopo, frontalière du Zimbabwe a déclaré, jeudi matin, que sa région du nord-est était une « zone de catastrophe ».

« Cela va permettre de court-circuiter la bureaucratie et de répondre plus rapidement aux besoins », a souligné le porte-parole provincial, Mogale Nchabeleng, précisant que l’aide financière sera augmentée.

« Nous allons probablement connaître des problèmes », a-t-il prévenu, appelant les malades à venir le plus tôt possible à l’hôpital pour vite se faire soigner. « C’est sous contrôle mais nous ne voulons pas prendre de risque », a dit M. Nchabeleng, soulignant que ce flux « faisait pression sur les infrastructures médicales ».

Le choléra n’est qu’une des raisons poussant les Zimbabwéens à fuir leur pays, où environ cinq millions d’habitants auront besoin dès janvier d’une aide alimentaire, selon les Nations unies.

Depuis huit ans, cet ancien grenier à céréales de la région s’enfonce dans un marasme sans précédent qui se caractérise aujourd’hui par une hyperinflation délirante, 80% de chômage, des ruptures chroniques d’approvisionnement en devises et en produits alimentaires.

Cette crise se double d’une paralysie politique depuis la réélection contestée fin juin de M. Mugabe. Le régime et l’opposition n’arrivent toujours pas à s’entendre sur un partage du pouvoir, malgré un accord conclu en septembre.

Pour le secrétaire général du parti ANC, au pouvoir en Afrique du Sud, Gwede Mantashe, M. Mugabe ne partira pas par la force. « Qu’allons nous faire pour que Mugabe se retire? Nous le convaincrons », a-t-il assuré.

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