Critiques de Choguel Maïga au Mali : coup de blues ou de poker ?

Par des critiques adressées aux tenants du calendrier de la transition malienne, le Premier ministre a surpris son auditoire. Il pourrait surtout tester son envergure politique et évaluer ses chances de bien figurer à l’avenir.

© Damien Glez

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Publié le 19 novembre 2024 Lecture : 2 minutes.

Dans toute junte qui se respecte cohabitent, généralement en trompe-l’œil, les militaires et les « fantassins civils », qui permettent d’estomper la dominante kaki des photos de famille. Des hommes en boubou qui ne perdurent que s’ils proscrivent la nuance et la critique envers les régimes installés. Mais quelle mouche a donc piqué un représentant de cette espèce, Choguel Maïga, lors du récent rassemblement de son mouvement, le M5 RFP, ce samedi 16 novembre ?

Est-ce le contexte partisan qui a fait sortir de sa route le Premier ministre du Mali ? Après avoir publiquement apporté son soutien aux troupes maliennes présentes sur le terrain des opérations sécuritaires, Choguel Maïga s’est épanché sur le fait qu’il serait tenu à l’écart des sujets importants, lui qui est pourtant chef de gouvernement. Et de s’attarder sur le point sensible de la durée de la transition, dont la période initialement prévue est échue.

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« Le Premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections sont reportées sans débat au sein du gouvernement », a lancé Choguel Maïga. Manifestement pessimiste sur la suite de la vie politique, il évoque un possible enlisement avec des « risques de graves remises en cause et […] de retour en arrière ». Le Premier ministre décrit par ailleurs une volonté manifeste d’anesthésier le débat politique.

Le dérapage a-t-il été calculé ?

Il rappelle qu’en contradiction avec la ligne des dernières assises nationales qui prônaient la réduction du nombre de formations politiques, une centaine de récépissés ont été accordés à des nouveaux partis pro-juntes… Des propos qui ont étonné car tenus par un rhéteur longtemps passé maître dans la défense tarabiscotée du régime d’exception. Depuis son absence pour cause d’accident vasculaire cérébral, Choguel Maïga avait toutefois déjà donné l’impression de s’être fait voler la vedette par son ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga, qui assura son intérim.

Reste à savoir si les mots du « PM » ont dépassé sa pensée ou s’il espère capitaliser pour la suite du processus transitoire, lui qui semble perdre du grade à mesure que les dirigeants de la junte accumulent leurs galons… C’est sous couvert d’anonymat que des proches du régime tentent tantôt de minimiser « l’agitation » de Choguel Maïga, tantôt d’appeler à une purge. Sur des réseaux passionnés par la joute en filigrane, certains internautes applaudissent un signe de « courage ».

D’autres dénoncent une « trahison » et l’émergence d’un « opposant ». La fin de l’année dira si l’actuel chef du gouvernement a impressionné ceux qu’il critique, au point de retrouver un peu d’envergure politique, s’il devra passer pas un rétropédalage en forme de mea-culpa public pour se maintenir à son poste, ou s’il bouclera ses bagages en espérant rebondir dans une après-transition encore floue.

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