Vitres brisées, cercueil renversé… Le mausolée qui abrite les restes de Patrice Emery Lumumba a été vandalisé dans la nuit du 17 au 18 novembre, à Kinshasa. Le ministère de la Culture a condamné un acte « odieux », qui « vise à désacraliser la figure de Lumumba ». Une enquête a été ouverte et les lieux ont été fermés au public et placés sous scellés. La police scientifique a procédé à des relevés d’empreintes.

Toutefois, les autorités n’ont pour l’instant rien dit de ce qu’il était advenu de la dent de Lumumba, ultime relique du héros de l’indépendance congolaise.

Conservée en Belgique, après que la justice de ce pays l’a récupérée dans la famille d’un policier ayant contribué à faire disparaître l’ancien Premier ministre il y a plus de soixante ans, cette dent avait été restituée à la RDC en juin 2022. A-t-elle été dérobée ? Selon plusieurs de nos sources, bien qu’elle fût censée être conservée à l’intérieur du mausolée, elle ne s’y trouvait pas “pour des raisons de sécurité”.

Enquête en cours

L’incident « a déclenché une intervention immédiate des autorités compétentes, incluant la police nationale, l’Agence nationale de renseignement (ANR) et la Garde républicaine”, a détaillé dans un communiqué publié le 18 novembre la ministre de la Culture et Arts, Yolande Elebe. « Les lieux ont été sécurisés et une enquête est en cours pour établir les faits et identifier les responsables”, a-t-elle indiqué.

« Je suis persuadé que l’enquête [permettra de] déterminer qui a profané la demeure du héros national », a déclaré sur les antennes de la RTNC, la télévision nationale, Michel Kitoko, au nom de la Fondation Lumumba. Des membres de la famille ont pour leur part dit leur indignation. « Le mausolée se trouve sur une voie principale, la seule qui mène vers l’aéroport international de Ndjili, relève l’un d’eux sous le couvert de l’anonymat. Comment expliquer que cela puisse être possible sans complicité ? »

Patrice Lumumba a été exécuté le 17 janvier 1961, en même temps que deux de ses frères d’armes, Maurice Mpolo et Joseph Okito, par des séparatistes katangais avec l’appui de mercenaires belges. Son corps a été dissous dans l’acide et n’a jamais été retrouvé.

Il a fallu des décennies pour découvrir que des restes humains avaient été conservés en Belgique – c’est un policier, Gérard Soete, qui avait en sa possession cette dent. Celle-ci a été saisie en 2016 par la justice belge. La famille de Lumumba a porté plainte contre l’État belge et contre des personnalités de ce pays considérées comme responsables de l’exécution de Patrice Lumumba.