Assoiffés et effrayés, les Zimbabwéens tentent de lutter contre le choléra
Déjà effrayés par le choléra qui se répand dans les rues de Harare, les Zimbabwéens doivent en plus se battre, jour après jour, pour accéder à l’eau, souvent polluée par l’épidémie qui a fait des centaines de morts, ou tout simplement inaccessible.
« L’eau s’écoule en petite quantité ici et là mais on n’est pas sûr qu’elle soit bonne à boire. On doit la bouillir, si l’électricité n’a pas été coupée », explique Taurai Gomo, qui vit dans la banlieue de Glen View.
D’autres, plus pauvres, n’ont même pas cette chance: l’eau est coupée depuis des mois, les pompes ont rendu l’âme.
« L’épidémie de choléra est loin d’être maîtrisée. Il y a des endroits dans la capitale qui n’ont pas eu accès à l’eau pendant des mois et la situation n’a pas changé », constate M. Gomo.
« La situation est terrible. Nous vivons à la merci de Dieu! » s’exclame ce Zimbabwéen qui doit faire face à ce dernier fléau après la chute de l’économie et la paralysie politique de son pays.
A Harare comme dans le reste du pays, l’accès à l’eau est devenu un réel privilège car les réseaux d’eau et d’assainissement, à l’image du système de santé, n’ont pas été épargnés par l’effondrement économique du pays, ancien grenier à blé de la région.
L’approvisionnement est aléatoire et la capitale vient d’être privée d’eau pendant deux jours.
Dans de nombreux quartiers de Harare, l’eau n’est disponible qu’à partir de minuit, pour quelques heures seulement. Seul moyen pour survivre: les habitants laissent les robinets ouverts, des seaux placés en dessous. Les plus fortunés ont depuis longtemps fini par creuser des puits dans leur jardin.
C’est dans ce cadre que depuis fin août, le choléra a tué près de 600 personnes au Zimbabwe tandis que plus de 6. 000 cas ont été recensés rien que dans la capitale et que la situation pourrait fortement empirer dans les prochains mois.
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), le nombre de malades devrait quadrupler dans les semaines à venir, ce qui pourrait provoquer la mort d’environ 2. 700 personnes.
Le gouvernement s’est finalement décidé la semaine dernière à décréter l’état d’urgence mais il a peu de moyens de combattre l’épidémie. Les hôpitaux, de l’avis même du ministre de la Santé David Parirenyata, manquent de médicaments et d’équipements alors que le choléra peut facilement se soigner s’il est traité à temps.
Le ministre, qui a appelé à l’aide la communauté internationale, a simplement conseillé de ne plus se serrer les mains pour limiter la propagation de la maladie, qui prolifère dans l’eau polluée par les excréments humains.
Et la peur d’être contaminé rythme la vie des habitants d’Harare, où des tas d’ordures s’amoncellent depuis des mois.
« Mes enfants ne jouent plus dehors avec leurs amis », explique une habitante, Roselyn Moyo.
« J’ai peur, dit-elle, qu’ils attrapent le choléra. Les ordures, couvertes de mouches, ont envahi tout le voisinage. Je ne peux pas prendre le risque de laisser mes enfants jouer dehors ».
Les habitants sont à bout, d’autant plus que près de la moitié d’entre eux auront besoin d’une aide alimentaire d’urgence le mois prochain.
Leur quotidien: une production au point mort, des pénuries récurrentes, un taux d’inflation annuel dépassant l’entendement avec 231 millions %.
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