Darfour: Paris et le Conseil de sécurité doivent être « cohérents » selon la CPI
Le procureur de la Cour pénale internationale a appelé la France et les autres membres du Conseil de sécurité de l’ONU qui ont chargé la CPI de faire la justice au Darfour à être « cohérents » et à faire en sorte que le président soudanais Omar el-Béchir soit traduit en justice.
"Les Etats, en particulier les membres du Conseil de sécurité, doivent faire preuve de cohérence avec leur décision. El-Béchir doit être traduit en justice", a déclaré le procureur, Luis Moreno-Ocampo, lors d’une conférence de presse à Paris.
"Les autorités françaises ont besoin du soutien des citoyens français pour défendre les citoyens soudanais", a-t-il affirmé, ajoutant à l’adresse des Français: "Vous devez être clairs sur ce que vous réclamez à vos autorités".
M. Moreno-Ocampo a lancé cet appel alors que le président français Nicolas Sarkozy a répété lundi, dans un discours consacré au 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme, que le président soudanais devait faire un "choix" en livrant des membres de son régime et avait "son avenir dans les mains".
Le procureur accuse le président Béchir de "génocide" dans la province soudanaise du Darfour et a présenté en juillet une demande de mandat d’arrêt contre lui. Les juges de la CPI ne se sont pas encore prononcés sur cette demande.
M. Sarkozy a proposé en septembre de suspendre la procédure visant le président Béchir en échange d’un changement "radical" de la politique de Khartoum et de sa coopération pour résoudre ce conflit.
Ce "marché" a suscité les vives protestations de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme, qui craignent une remise en cause de la procédure engagée par la justice internationale.
"Nous célébrons le 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l’Homme, c’est le moment idéal pour montrer que nous respectons les droits de l’Homme", a affirmé M. Moreno-Ocampo.
Le président Béchir a jusqu’à présent toujours refusé de livrer à la justice internationale son ministre aux Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, ainsi qu’un chef de milice pro-gouvernementale janjawid, Ali Kosheib, également recherché par la CPI.
"La décision de faire justice au Darfour n’est pas ma décision, c’est une décision du Conseil de sécurité adoptée en 2005, et ratifiée en juin dernier par 15 pays dont la France et les Etats-Unis", a souligné le procureur de la CPI.
"El-Béchir est responsable parce que c’est lui qui ordonne de commettre les crimes. Il assure l’impunité à ceux qui suivent ses ordres de génocide. La communauté internationale ne peut pas, ne doit pas prendre part à cette couverture", a-t-il ajouté.
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