Angolagate: le magistrat Georges Fenech de l’autre côté de la barre

Magistrat, ancien député UMP, président de la Miviludes (mission contre les sectes), Georges Fenech s’est retrouvé pour la première fois à la barre d’un tribunal pour se défendre, parfois avec violence, de toute implication dans le scandale de l’Angolagate.

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Dans cette affaire de commerce d’armes de guerre vers l’Angola, orchestré par Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak dans les années 90, l’ancien élu du Rhône est accusé d’avoir fait financer par les deux associés un syndicat, aujourd’hui disparu, dont il était le président : l’Association professionnelle des magistrats (APM).

"Je cherche toujours à comprendre ce que je viens faire dans cette affaire. . . C’est un procès biaisé, un procès contre Fenech. . . Je suis blanc-bleu dans cette histoire", lance l’ancien député, dont la réélection en 2007 a été annulée pour irrégularité de comptes de campagne.

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Pour l’accusation, Georges Fenech a commis un recel d’abus de biens sociaux en acceptant, en octobre 1997, un don de 100. 000 FF sous forme d’abonnements pour financer la revue de son syndicat de la part de Brenco, la société de Falcone.

Pourtant, se souvient Georges Fenech, son syndicat -un mouvement de droite créé à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981- s’interdisait de démarcher les entreprises risquant d’avoir des problèmes avec la justice, notamment celles de BTP à la grande époque des scandales sur les marchés publics.

Mais il explique avoir rencontré Pierre Falcone via une connaissance commune, le général Claude Mouton, alors vice-président de la Compagnie des Signaux.

Cela lui a suffi : "je n’étais pas chargé de faire une enquête sur ceux qui soutenaient mon combat. . . L’abonnement est libre. Cela ne m’intéressait pas de savoir qui soutenait la revue". "Je n’ai pas creusé davantage".

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Tout au plus, quand le trésorier lui apprend que Brenco a envoyé 100. 000 FF (15. 000 EUR), il "marque la surprise" en apprenant que le chèque vient d’une banque suisse.

Comme les versements sont plafonnés à 50. 000 FF (7. 500 EUR), ils seront étalés sur deux ans, période où Brenco devait recevoir tous les deux mois 25 numéros de "Enjeux Justice", davantage que le nombre de salariés.

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Le président Jean-Baptiste Parlos s’étonne un peu : "vous présidiez un syndicat de magistrats. N’était-ce pas utile de vous poser une petite question sur la société qui finance au moins la moitié du budget de votre revue ?"

"Notre bureau national était composé de 18 membres et personne n’était au courant" de quoi que ce soit, répond-il.

Pierre Falcone assure qu’il n’avait "aucun intérêt personnel" à effectuer ces abonnements : "à aucun moment, je n’ai demandé quoi que ce soit à M. Fenech".

D’ailleurs, "100. 000 FF, je pensais que c’était très peu. Au-delà de la cause de l’APM, je trouvais que la justice manquait cruellement de moyens", dit-il.

Georges Fenech dit s’étonner que Brenco ait possédé son adresse pour pouvoir lui envoyer en fin d’année une mallette de confiture et de miel d’un grand traiteur parisien. Mais il ne voit pas où est le mal d’avoir accepté: "heureusement que notre société se fait des cadeaux !", lance-t-il.

Répondant souvent sèchement, il se met en colère quand le tribunal évoque les soupçons de trafic d’influence autrefois exprimés par la justice sur un autre membre de l’APM.

"Je veux savoir, et c’est mon droit, ma défense aujourd’hui, de quoi je suis poursuivi", tonne-t-il. C’est ma vie, mon honneur qui est en jeu".

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