Pressions occidentales sur Mugabe, nouveau billet de 200 millions
Le président zimbabwéen Robert Mugabe est plus que jamais sous pression, accusé par la communauté internationale du naufrage de son pays, en proie à une épidémie de choléra et à une profonde crise économique, et où un nouveau billet de 200 millions a été mis en circulation.
"Trop c’est trop", a déclaré samedi le Premier ministre britannique Gordon Brown, souhaitant que le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunisse en urgence pour évaluer la situation au Zimbabwe où, selon lui, la crise est désormais "internationale".
"Internationale, parce que la maladie (le choléra) traverse les frontières. Internationale, parce que le système de gouvernement au Zimbabwe est cassé, il n’y a pas d’Etat capable de s’occuper du peuple. Internationale, parce que nous devons nous lever ensemble pour défendre les droits de l’Homme et la démocratie et dire avec fermeté à Mugabe que trop c’est trop", a affirmé Gordon Brown.
"Ce gouvernement n’a pas démontré qu’il était capable de sortir le pays de la crise en cours", a déclaré dimanche l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan au nom du groupe de personnalités internationales influentes The Elders (les Anciens).
Alors que le naufrage économique s’accentue tous les jours au Zimbabwe et que régime et opposition sont enlisés depuis des mois dans des négociations de partage du pouvoir, une épidémie de choléra s’est déclarée qui a déjà fait près de 600 morts et gagné des pays voisins, Afrique du Sud et Botswana notamment.
L’épidémie de choléra a provoqué précisément la mort de 575 personnes et en a contaminé 12. 700 selon le dernier bilan des Nations unies vendredi.
Pour tenter de faire face à l’inflation astronomique, le gouvernement zimbabwéen a annoncé samedi la mise en circulation d’un billet de 200 millions de dollars zimbabwéens, à peine deux jours après celui de 100 millions (environ 14 dollars américains), dont la valeur a déjà diminué.
Le journal du gouvernement indique que ce billet porte à 28 le nombre des différentes coupures mises en circulation depuis le début de l’année par la Banque nationale du Zimbabwe.
Egalement à bout de patience envers Mugabe, l’Union européenne devrait renforcer ses sanctions contre les dirigeants zimbabwéens, en ajoutant une dizaine de noms à la liste des personnes interdites d’entrée dans l’UE.
La présidence française de l’UE a confirmé vendredi que l’adoption de ces nouvelles sanctions était "probable" lundi.
L’UE avait averti le Zimbabwe à la mi-octobre que si l’accord de partage de pouvoir passé entre M. Mugabe et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) de Morgan Tsvangirai n’était pas mis en oeuvre, elle durcirait ses sanctions contre le régime.
Washington avait lancé le mouvement contre Mugabe vendredi, avec un appel à sa démission lancé vendredi par la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice.
"Il est grand temps pour Robert Mugabe de partir. Je pense que c’est désormais une évidence", a-t-elle déclaré, qualifiant de "parodie" les négociations sur l’accord de partage du pouvoir avec l’opposition.
Tandis qu’une mission sud-africaine doit se rendre la semaine prochaine à Harare pour évaluer les besoins en matière sanitaire, l’Afrique du Sud a également exhorté les responsables politiques zimbabwéens à dépasser leurs querelles : "l’heure n’est plus au comptage de points", a martelé vendredi le porte-parole du gouvernement sud-africain, Themba Maseko.
Le ministre botswanais des Affaires étrangères Phandu Skelemani a suggéré samedi de priver M. Mugabe des ressources essentielles, notamment l’essence, pour le contraindre à quitter le pouvoir.
"Si vous le privez d’essence, qui est utilisée par l’armée, par la police, je pense qu’il ne se tiendra pas deux semaines", a déclaré M. Skelemani sur la radio BBC4.
Il a appelé les pays de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) à accentuer leur pression sur le régime de M. Mugabe, suggérant la tenue d’une "réunion où les amis du Zimbabwe pourraient se rencontrer, les ONG, les gouvernements, tous, afin de parler d’une voix forte".
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