La découverte de pétrole fait rêver… et inquiète

Autrefois paisible port de pêche, Takoradi est en pleine mutation depuis la découverte de pétrole au large du Ghana il y a un an. Promesse d’un avenir meilleur ? Tous l’espèrent. Mais à condition d’éviter les « pièges » de l’or noir, préviennent les observateurs.

Publié le 6 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Situées sur la côte à 240 km à l’ouest d’Accra, Takoradi et sa jumelle Sekondi se préparent pour 2010, date à laquelle le pétrole offshore devrait commencer à couler.

En 2007, les sociétés américaine Kosmos Energy et britannique Tullow Oil ont découvert le brut après avoir exploré dans une zone située à cheval sur les champs pétrolifères du Cap des Trois Points et de Deep Water Tano.

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Les autorités prévoient de produire environ 120. 000 barils par jour en 2010.

A Takoradi, ville de 400. 000 habitants, les nouveaux immeubles poussent comme des champignons tandis que les vieux bâtiments sont remis en état.

Pour Rockson Atekey, employé d’un magasin de matériaux et équipements de construction, les affaires n’ont jamais été aussi bonnes.

« Il y a un boom. Les gens achètent, surtout des pelles, des brouettes, de la peinture et du matériel de plomberie », témoigne-t-il.

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Le port de la ville, un des plus anciens de la région, s’apprête à subir un lifting.

« Notre plus gros problème c’est le manque d’espace. Nous devons agrandir le port, nous avons besoin de beaucoup de place pour les oléoducs et il faut moderniser les infrastructures pour accueillir des bateaux plus grands », résume le directeur du port Nestor Galley, tandis qu’une plateforme pétrolière flottante s’approche.

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Le président ghanéen John Kufuor a estimé en juin 2007 que le pétrole allait permettre d’accélérer le développement économique de l’ancienne colonie britannique déjà riche en or, en cacao et en bois.

« Déjà, sans pétrole, nous allons très bien (. . . ) Désormais avec le pétrole comme coup d’accélérateur, nous allons nous envoler », a-t-il prédit, se réjouissant d’être « le président sous qui le pétrole a été découvert et va embellir l’économie du Ghana ».

John Kufuor s’apprête à tirer sa révérence au terme de deux mandats, comme le prévoit la Constitution, et les Ghanéens élisaient dimanche son successeur.

Les experts avancent que le brut découvert dans le pays est encore plus facile à raffiner que le light sweet crude du Nigeria.

Beaucoup d’observateurs se demandent cependant si l’impact de la découverte sera uniquement positif, citant comme contre exemples le Nigeria et la République du Congo, où l’exploitation pétrolière a été a donné lieu à des violences.

« Le Ghana est différent d’autres pays (. . . ) Il y a 30 quotidiens, 150 stations de radio. Les gens sont éduqués – plus que dans bien d’autres pays d’Afrique – il y a la liberté et un certain niveau de transparence », estime George Owusu, directeur de Kosmos Energy au Ghana.

La découverte au Ghana a suscité la convoitise de nombreuses sociétés pétrolières étrangères et certains Ghanéens déplorent que cette « course au pétrole » a déjà réussi à faire grimper les prix alors que la première goutte n’a pas même encore été pompée.

Certains craignent aussi qu’un clivage entre riches et pauvres se creuse et que la criminalité atteigne des niveaux comparables au Nigeria.

Nana Akufo-Addo, candidat du parti au pouvoir, le Nouveau Parti Patriotique, a bon espoir de voir son pays éviter les pièges du pétrole.

« Les Ghanéens ont la chance que le pétrole arrive alors que les affaires publiques sont menées de manière plus transparente que jamais », a-t-il assuré dans un entretien à l’AFP.

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