Choléra: le pays décrète l’état d’urgence nationale, aidé par la France et la Grande Bretagne

Le gouvernement zimbabwéen a reconnu l’ampleur de l’épidémie de choléra qui a fait plus de 560 morts, en décrétant pour la première fois l' »urgence nationale », et Londres a aussitôt répondu à son appel à l’aide mais a dénoncé le régime « défaillant » du président Robert Mugabe.

Publié le 4 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

"Pour une fois, nous sommes d’accord avec le gouvernement du Zimbabwe. C’est une urgence nationale", a déclaré le Premier ministre britannique Gordon Brown dans un communiqué.

"L’Etat défaillant de Mugabe n’est plus capable, ou n’a plus la volonté, de protéger son peuple, des milliers de personnes sont frappées par le choléra, et il faut les aider d’urgence", a-t-il poursuivi.

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"Les divergences entre la communauté internationale et Mugabe ne nous empêcheront pas de le faire, donc nous allons accroître notre aide au développement, et nous appelons les autres à faire de même", a conclu le Premier ministre de l’ancienne puissance coloniale.

La France a annoncé à son tour jeudi une "première aide" de 200. 000 euros au Zimbabwe et plaidé pour une réponse européenne à l’épidémie de choléra.

Cette somme ira "aux organisations présentes sur place, en particulier la Croix Rouge, afin de leur permettre d’intervenir sans délai dans le domaine de la prévention et du traitement de la maladie notamment sous forme de sels de réhydratation, de kits de potabilisation et de pastilles de traitement de l’eau", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

Mercredi, le pouvoir du président Mugabe a "appelé à l’aide la communauté internationale à l’aide pour faire face à la situation" et a déclaré "urgences nationales" l’épidémie de choléra et les dysfonctionnements des hôpitaux publics, selon le quotidien d’Etat The Herald dans son édition de jeudi.

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"L’appel d’urgence nous aidera à réduire le nombre de malades et de morts lié à l’actuelle situation socio-économique", a assuré le ministre de la Santé David Parirenyatwa.

Le ministre a estimé que les hôpitaux publics ne fonctionnaient "tout simplement pas" avec un personnel démotivé et un manque de médicaments, de vivres et de matériels.

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La semaine dernière, le ministère de la Santé avait dans un premier temps déclaré que la situation était "sous contrôle". Il avait cependant appelé à l’aide le lendemain, tout en refusant de décréter l’état d’urgence sanitaire.

Le revirement des autorités "arrive très en retard", a regretté l’Association des médecins du Zimbabwe pour les droits de l’Homme (ZADHR).

"Ils auraient dû le faire il y a deux à trois semaines quand le nombre de personnes mortes du choléra était encore bas. Mais mieux vaux tard que jamais. Au moins, ils réalisent maintenant que c’est un problème sérieux", a déclaré à l’AFP son président Douglass Gwatidzo.

Aux 11 millions de dollars réclamés par le ministère de la Santé s’ajoute un besoin urgent de 40 millions de rands (3,93 millions dollars) pour acheter des produits chimiques de traitement de l’eau, selon le gouvernement.

"Les agences de l’ONU sont appelées à mettre les bouchées doubles car l’épidémie prend des proportions nationales", a déclaré à Genève Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), soulignant qu’elles renforçaient "d’ores et déjà leurs équipes".

L’épidémie de choléra ne cesse de se propager depuis août en raison du délabrement du système de santé, des réseaux d’eau et d’assainissement. Elle a fait 565 morts et plus de 12. 500 cas ont été enregistrés, a indiqué l’ONU.

La maladie, qui prolifère dans l’eau souillée par les excréments humains, s’est étendue au Botswana et en Afrique du Sud, où huit personnes sont décédées.

Le gouvernement sud-africain a décidé pour sa part d’organiser "une réunion ministérielle d’urgence" pour fournir une aide alimentaire et humanitaire à son voisin, dont l’agriculture est en chute libre depuis l’expropriation brutale des fermiers blancs.

"Il y a des signes très clairs (. . . ) que les gens commencent à mourir de faim", a souligné jeudi le porte-parole du gouvernement Themba Maseko.

Cette crise humanitaire intervient dans un pays plongé dans un marasme économique avec une hyperinflation à plus de 231 millions pour cent par an.

La sortie de crise reste suspendue à l’application d’un accord de partage de pouvoir entre M. Mugabe et l’opposition, signé le 15 septembre mais resté depuis lettre morte.

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