Choléra: le pays décrète l' »urgence nationale » et appelle à l’aide
Le gouvernement du Zimbabwe a reconnu l’ampleur de l’épidémie de choléra qui a déjà fait plus de 550 morts dans le pays, en décrétant pour la première fois l' »urgence nationale » et en appelant à l’aide la communauté internationale.
« L’appel d’urgence nous aidera à réduire le nombre de malades et de morts lié à l’actuelle situation socio-économique », a assuré au journal d’Etat The Herald de jeudi le ministre de la Santé David Parirenyatwa.
Le pouvoir du président Robert Mugabe a déclaré mercredi soir « urgences nationales » l’épidémie de choléra et les dysfonctionnements des hôpitaux publics. Le gouvernement a aussi « appelé la communauté internationale à l’aide pour faire face à la situation ».
« Nos hôpitaux publics ne fonctionnent tout simplement pas. Le personnel est démotivé et nous avons besoin de votre soutien pour nous assurer qu’ils recommencent à travailler et pour redémarrer notre système de santé », a dit le ministre lors d’une réunion d’associations caritatives.
« Le personnel est démotivé » faute de salaire, a-t-il ajouté, en soulignant que les hôpitaux manquaient de médicaments, de vivres et de matériels.
La semaine dernière, le ministère de la Santé avait dans un premier temps déclaré que la situation était « sous contrôle ». Il avait cependant appelé à l’aide le lendemain, tout en refusant de décréter l’état d’urgence sanitaire.
Le revirement des autorités « arrive très en retard », a regretté l’Association des médecins du Zimbabwe pour les droits de l’Homme (ZADHR).
« Ils auraient dû le faire il y a deux à trois semaines quand le nombre de personnes mortes du choléra était encore bas. Mais mieux vaux tard que jamais. Au moins, ils réalisent maintenant que c’est un problème sérieux », a déclaré à l’AFP le président de la ZADHR Douglass Gwatidzo.
Aux 11 millions de dollars réclamés par le ministère de la Santé s’ajoute un besoin urgent de 40 millions de rands (3,93 millions dollars) pour acheter des produits chimiques de traitement de l’eau sur les deux prochains mois, selon le gouvernement.
« Les agences de l’ONU sont appelées à mettre les bouchées doubles car l’épidémie prend des proportions nationales », a déclaré à Genève Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Désormais, neuf provinces sur les dix du pays sont touchées, a-t-elle précisé.
« Les agences humanitaires renforcent d’ores et déjà leurs équipes: les besoins sont énormes, on manque du matériel le plus basique comme des couverts et des assiettes dans les hôpitaux sans parler des savons ou des pastilles pour purifier l’eau », a-t-elle dit.
L’épidémie de choléra ne cesse de se propager depuis août en raison du délabrement du système de santé, des réseaux d’eau et d’assainissement. Elle a fait 565 morts et plus de 12. 500 cas ont été enregistrés, a indiqué l’ONU.
La maladie, qui prolifère dans l’eau souillée par les excréments humains, s’est étendue au Botswana et en Afrique du Sud, où huit personnes sont décédées. Le gouvernement sud-africain a décidé pour sa part d’organiser « une réunion ministérielle d’urgence » pour fournir une aide alimentaire et humanitaire à son voisin.
Cette épidémie intervient dans un pays plongé dans un marasme économique sans précédent avec une hyperinflation à plus de 231 millions pour cent par an.
La situation au Zimbabwe s’est tellement dégradée que des soldats ont pillé des magasins et s’en sont pris à des changeurs de devises, accusés d’être responsables de la pénurie de liquidités.
Seize militaires ont été arrêtés pour violences et pillages ainsi que des syndicalistes, qui protestaient pacifiquement mercredi contre les limites imposées aux retraits bancaires.
La sortie de crise reste suspendue à l’application d’un accord de partage de pouvoir entre M. Mugabe et l’opposition, signé le 15 septembre mais resté depuis lettre morte.
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