Vers une rencontre entre les rebelles et le gouverneur du Nord-Kivu

L’hypothèse se renforçe d’une rencontre prochaine entre les rebelles et le gouverneur du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), porte entrouverte pour le dialogue alors que s’éloigne l’idée d’une intervention militaire européenne.

Publié le 3 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda "est prêt à accueillir le gouverneur du Nord-Kivu si c’est pour des contacts d’information", a déclaré à l’AFP Bertrand Bisimwa, le porte-parole des rebelles.

Le gouverneur Julien Paluku, qui avait proposé lundi de négocier directement avec les hommes de l’ex-général mutin, a répondu qu’il était disposé à les rencontrer sur leur territoire. "Je n’ai aucun problème" à aller en zone rebelle, a-t-il dit.

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Dans un premier temps, le CNDP avait rejeté son offre, au motif que le responsable ne disposait "pas de l’aval de Kinshasa". Le gouvernement s’était en effet distancé de sa proposition, qualifiée d’"initiative locale".

Pour cette même raison, la rébellion n’évoque pour l’instant qu’une "mission d’information" et non l’ouverture de négociations. "Notre problème est que l’option des négociations a été biaisée par le gouvernement qui refuse au gouverneur le mandat de négocier", a souligné M. Bisimwa.

Mais ce revirement du CNDP, qui réclame depuis des semaines des négociations directes avec Kinshasa, pourrait permettre d’enclencher le dialogue au Nord-Kivu.

Pour s’y préparer, le gouverneur Paluku a poursuivi mercredi à Goma, la capitale provinciale, ses consultations avec les représentants des communautés de la province, rencontrant des délégués kusu et tutsi.

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La veille, les émissaires nande (50% de la population de la province) et hutu (20%) avaient soutenu la position du gouvernement, qui ne veut négocier avec les rebelles que dans le cadre du "programme Amani", lancé en janvier et incluant l’ensemble des groupes armés congolais de la région.

Cet espoir de dialogue intervient alors que les chances de voir l’Union européenne intervenir sur le terrain semblent s’évanouir.

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Mardi soir, le ministre belge des Affaires étrangères, Karel de Gucht, a estimé "pas possible pour l’instant" de monter cette mission. "Aucun pays n’est prêt à en prendre la tête", a-t-il admis.

Mercredi, la Monuc a affirmé "continuer à espérer" l’envoi de ces troupes européennes intérimaires au Nord-Kivu, en attendant le déploiement de 3. 000 casques bleus supplémentaires. Mais le diplomate en chef de l’Union européenne (UE), Javier Solana, a confirmé que l’option n’était pas à l’ordre du jour.

"S’ils ne viennent pas, nous allons nous tourner vers la SADC (la Communauté de développement d’Afrique australe), nous n’aurons pas le choix", a réagi un haut responsable sous couvert d’anonymat.

Une option délicate, tant l’intervention du bloc d’Afrique australe, dont fait partie l’Angola, fait peser un risque de régionalisation du conflit.

Depuis la fin août, les combats ont repris à grande échelle dans le Nord-Kivu, faisant plus de 250. 000 déplacés. Les rebelles ont infligé de sérieux revers à l’armée régulière, s’arrêtant aux portes de Goma, avant de prononcer unilatéralement un cessez-le-feu fin octobre.

Depuis, le CNDP s’est retiré de deux axes stratégiques, mais continue régulièrement de s’affronter avec les milices Maï-Maï et les groupes armés hutu rwandais qui collaborent avec l’armée, selon l’ONU.

Ces hutu, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ont repris position mercredi sur un axe d’une quarantaine de kilomètres proche de l’Ouganda, que les rebelles venaient de quitter dans un signe de bonne volonté après la visite samedi de l’envoyé spécial de l’ONU, Olusegun Obasanjo.

Plus au sud de cet axe, des accrochages ont eu lieu entre le CNDP et les FDLR alliés à des milices Maï-Maï, selon la Mission des Nations unies en RDC (Monuc).

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