Jos panse ses plaies, sous haute surveillance militaire

Jos panse ses plaies et fait ses comptes. Théatre en fin de semaine dernière de deux jours de folie meurtrière, cette ville du centre du Nigeria, toujours quadrillée par un lourd dispositif militaire, s’efforce de faire disparaître les traces des affrontements qui ont fait au moins 200 morts.

Publié le 3 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’à mardi des volontaires continuaient d’enlever des rues des cadavres et des carcasses de voitures calcinées.

« Vingt corps ont été récupérés dans différents endroits de la ville aujourd’hui et ont été acheminés vers le cimetière », a indiqué à l’AFP Murtana Sani Hashim, chargé de l’identification des dépouilles apportées à la mosquée centrale de la ville.

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Dans les quartiers les plus touchés par les heurts qui ont mis aux prises vendredi et samedi musulmans et chrétiens se disputant la victoire d’une élection locale, les voitures brûlées se comptent par centaines. Les épaves ont été poussées sur les bas-côtés des rues afin de permettre la circulation, a constaté l’AFP.

Dans le quartier nord majoritairement musulman de Laranto, la marché aux grains n’est plus qu’une ruine fumante, 3000 échoppes sont en cendres. Mohamed Sani, un marchand de 46 ans, déblaye les gravats et tente de récupérer ce qu’il peut de sa boutique. « Tout est parti. On n’a même plus à manger ».

Un peu plus loin, un vendeur de pièces détachées de motos est hébété: « Quinze ans de travail partis en quelques minutes. . . « 

Dans tout le quartier, une odeur de poisson pourri monte de congélateurs débranchés et abandonnés.

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Dans un camp de fortune, plus de 3. 000 personnes qui ont fui les heurts attendent toujours de pouvoir retourner chez elles, avec la peur de ne plus rien retrouver.

« On les aide avec des moyens fournis par l’Agence nationale d’urgence (Nema), le gouvernement de l’Etat et des Ong », dit à l’AFP le coordinateur régional de la Nema, Eze Udemegue.

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L’armée, dont les effectifs ont été renforcés depuis dimanche dernier, continuait mardi de patrouiller dans toute la ville toujours soumise à un couvre-feu de 18H00 (17H00 GMT) à 08H00 (07H00 GMT).

A de nombreux barrages, les militaires contrôlent l’identité des passants et fouillent les coffres des véhicules.

Timidement la ville recommence pourtant à vivre: des banques, des bureaux et des marchés ont rouvert, et plus de monde se risque dans les rues.

Ce n’est qu’avec le retour au calme imposé par les forces de l’ordre que certains commencent à se rendre compte de l’ampleur des violences.

« Je n’avais pas réalisé l’étendue des dégâts jusqu’à aujourd’hui, en allant dans les quartiers touchés. C’est incroyable », dit à l’AFP Yohanna Buba, un fonctionnaire de 36 ans.

Hamidi Idris, un concessionnaire automobile, n’a découvert que mercredi le désastre en retournant dans son garage sur la route de Zaria: « nous avons perdu plus de 200 voitures, une perte de plus de trois millions de dollars. Il me faudra plus de dix ans à m’en remettre ».

Un porte-parole de l’état-major de l’armée, Sani Usman, n’a pas précisé combien de temps l’armée resterait à Jos.

« Nous avons un mandat du président pour rétablir une paix durable et resterons aussi longtemps qu’il faudra pour remplir ce mandat », a-t-il indiqué.

Pendant deux longues journées, les gens se sont battus à la machette, aux armes à feu et même avec des arcs. Ces heurts ont fait au moins 200 morts de source officielle, mais selon des sources humanitaires et religieuses, le bilan atteindrait près de 400 morts.

« Je me demande combien de temps il faudra à la ville pour s’en remettre », soupire Yohanna.

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