Lutte anti-sida: l’Afrique fait le point à Dakar sur fond de crise économique
Continent le plus touché par la pandémie, l’Afrique fait le point de la lutte contre le sida, du 3 au 7 décembre à Dakar lors d’une conférence internationale, avec plus de 5. 000 personnes attendues, dont la co-lauréate du prix Nobel 2008 de médecine Françoise Barré-Sinoussi.
La quinzième conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (Icasa) se déroule sur fond de crise économique mondiale et plusieurs associations dénoncent d’ores et déjà une baisse des financements.
La conférence de Dakar a pour thème « Réponse de l’Afrique: faire face aux réalités ».
Après plus de deux décennies de lutte, « il est grand temps qu’elle (l’Afrique) s’arrête pour faire le point sur toutes ses contributions, ses performances, ses ambitions mais aussi ses faiblesses et lacunes par rapport aux réalités de l’infection à VIH », selon les organisateurs.
La quinzième Icasa vise ainsi à renforcer les échanges d’informations, d’expériences et de bilans en vue d’une plus grande cohérence dans la lutte contre le sida tout en mobilisant l’opinion publique et les dirigeants.
Continent le plus pauvre du monde, l’Afrique continue de payer un lourd tribut à la pandémie.
Et si le nombre de malades du sida, estimé à 30 millions de personnes en 2007 par l’ONU, se stabilise en Afrique subsaharienne, il est trop tôt pour « l’autosatisfaction », a estimé vendredi la Fédération de la Croix-Rouge.
L’Afrique sub-saharienne, avec 67% des personnes touchées dans le monde par le VIH et 75% des décès en 2007, reste en effet la région la plus touchée au monde.
22 millions de personnes -soit un taux de 5% de la population- vivaient avec le VIH en Afrique sub-saharienne en 2007, l’Afrique australe étant tout particulièrement affectée, notamment le Swaziland et l’Afrique du sud, avec le plus grand nombre de personnes infectées au monde: quelque 5,7 millions.
« Durant 5 jours, les délégués de tous les continents échangeront les différentes expériences sur la biologie, la clinique, l’épidémiologie, les sciences sociales et les aspects communautaires », précise dans un message aux délégués le Pr Souleymane Mboub, président de la conférence et co-découvreur du VIH-2.
Parmi les participants, une invitée de marque: Mme Barré-Sinoussi, 61 ans, co-lauréate du prix Nobel de médecine 2008 avec le Pr Luc Montagnier pour son identification du virus du sida il y a 25 ans. Elle participera à la conférence les 3 et 4 décembre.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a pour sa part mis l’accent sur la nécessaire solidarité Nord-Sud.
« Alors que se met en place la mondialisation de l’économie accompagnée d’une libre circulation des hommes et des idées, notre action doit s’inscrire dans le refus de la logique d’une épidémie à deux vitesses ».
« C’est un devoir moral et je veux que cela devienne aussi un combat à la fois éthique et médical. L’Afrique vit aujourd’hui une nouvelle mutation et le soutien de nos partenaires ne saurait nous faire défaut », insiste-t-il dans un message sur le site de la conférence: http://www. icasadakar2008. org
Mais cette solidarité Nord-Sud risque d’être mise à mal par la crise économique mondiale.
Le 25 novembre à Paris, six associations, dont plusieurs de lutte contre le sida, ont dénoncé des coupes budgétaires imposées, selon elles, par les pays riches au sein du Fonds mondial de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Le Fonds mondial a toutefois qualifié cette déclaration d’ »inexacte » et assuré qu’il « accroît de façon spectaculaire ses programmes », soulignant notamment que la France, deuxième plus important donateur, « a confirmé ses engagements pour 2009 et 2010 ».
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