« La torture érigée en système d’enquête et de répression » selon Amnesty

Amnesty international affirme que « la torture a été érigée en véritable système d’enquête et de répression » en Mauritanie, « cautionné au coeur même de l’Etat », ces dernières années et depuis des décennies, dans un rapport.

Publié le 3 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

"En Mauritanie, la torture a été érigée en véritable système d’enquête et de répression de l’appareil sécuritaire. Elle est profondément ancrée dans la culture des forces de sécurité qui agissent dans une totale impunité. Elle constitue un fléau cautionné par certaines des plus hautes autorités de l’État", accuse l’organisation indépendante.

Son document cite de "nombreux exemples de recours systématiques à la torture" à l’encontre "de détenus de droit commun, de militaires accusés de tentatives de coup d’Etat" ou de "personnes soupçonnées de liens avec des groupes islamistes accusés d’actes de terrorisme", ces dernières années.

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Le document rend compte de deux missions menées par Amnesty en Mauritanie, en février-mars puis en juillet. Ses délégués avaient alors recueilli des témoignages dans les prisons de Dar Naïm à Nouakchott et de Nouadhibou (nord-ouest) et interrogé d’anciens détenus.

Les sévices recensés comprennent la privation de sommeil, la suspension des détenus à une barre métallique, les décharges électriques, les violences sexuelles ou encore les brûlures de cigarette.

Dans certains cas, "des membres des forces de sécurité marocaines" participaient aux interrogatoires et tortures.

Le document s’ouvre sur le témoignage d’un homme arrêté le 1er mai 2008, détenu en garde à vue durant 26 jours et finalement libéré sans charge.

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"Les séances de torture, entrecoupées d’interrogatoires, ont duré une semaine", dit cet homme, affirmant avoir été régulièrement "suspendu en l’air", avec "mains et pieds attachés derrière le dos".

"Ils m’ont demandé si j’appartenais au groupe de salafistes (. . . ). J’ai été frappé sur toutes les parties du corps (. . . ). J’ai finalement avoué et reconnu tout ce dont ils m’accusaient", dit-il.

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Selon Amnesty, il s’agit surtout "d’extorquer des +aveux+ qui constituent souvent le seul moyen utilisé (. . . ) pour établir la culpabilité d’un suspect".

Selon les témoignages, des sévices ont été infligés dans plusieurs commissariats, l’école de police de Nouakchott, des casernes de gendarmerie, le siège de l’état-major de l’armée, des locaux de la marine. . . Certains disent aussi avoir été torturés d’abord dans une villa privée.

Les visites d’Amnesty ont été menées avant le coup d’Etat du 6 août qui a renversé le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi élu en mars 2007 et a porté au pouvoir des militaires dirigés par le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

Selon l’organisation, "la première élection libre et transparente organisée en 2007, les engagements des nouvelles autorités issues de cette élection ainsi que certaines modifications du code de procédure pénale (. . . ) avaient laissé espérer une amélioration du traitement des détenus".

Mais "le récent coup d’État et le renforcement de la lutte contre le +terrorisme+ (. . . ) risquent de remettre en cause ces maigres espoirs".

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