Les égouts débordent, les déchets s’empilent et le choléra s’étend à Harare

Les enfants courent le long d’égouts qui débordent et sautent par dessus des montagnes de déchets, accumulés à quelques pas de la clinique de Budiriro, dans la banlieue de Harare, convertie depuis quelques semaines à la lutte contre le choléra.

En route vers la clinique du choléra dans la banlieue d’Harare, le 26 novembre 2008

En route vers la clinique du choléra dans la banlieue d’Harare, le 26 novembre 2008

Publié le 27 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Devant l’établissement, une centaine de malades attendent patiemment leur tour, tout en sachant que le manque de médicaments et de matériel empêchera de les soigner correctement.

« La situation est mauvaise », estime un patient allongé à même le sol entre d’autres malades, dont les plus chanceux reposent sur des lits sans matelas.

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« Ils n’ont pas de perfusion. Quand elles arriveront, il sera peut-être trop tard pour une partie d’entre nous », ajoute-t-il.

Présage funeste, un véhicule des pompes funèbres est garé à l’extérieur de la clinique.

Le quartier de Budiriro est l’épicentre d’une épidémie de choléra dans le pays qui a déjà contaminé près de 9. 000 personnes et fait 366 morts entre la mi-août et le 25 novembre, selon les Nations unies.

Le choléra, qui prolifère dans l’eau salie par les excréments humains, provoque des diarrhées et des vomissements pouvant conduire à la mort par déshydratation, mais peut facilement se soigner s’il est traité à temps.

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Se laver les mains, nettoyer la nourriture et boire de l’eau potable limite la propagation de la maladie mais, dans la majeure partie du Zimbabwe, il est difficile de suivre ces précautions de base.

L’effondrement de l’économie depuis huit ans s’est accompagné d’un délabrement des réseaux d’eau, d’assainissement, particulièrement visible dans la banlieue de Harare, où les vendeurs des rues continuent de proposer des fruits et légumes au milieu de détritus, ignorant les mouches qui survolent leurs étals.

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« Il n’y a pas d’eau potable ni de chasse d’eau dans les toilettes », confie à l’AFP Chipo Chimwe, qui habite dans le quartier voisin de Kambuzuma. « Nous allons mourir si les choses demeurent en l’état ».

« Ils disent que nous devons faire bouillir notre eau, mais il n’y a ni eau ni électricité. Nous avons besoin d’une aide urgente », lance-t-il.

Les femmes et enfants de Kambuzuma n’osent pas non plus utiliser l’eau courante dans leurs maisons et lavent leur linge dans un puits creusé par la communauté.

« Le peu d’eau qui sort de nos robinets n’est pas traitée », explique Tracy Mutasa. « L’eau soi-disant potable sent les poubelles. Les enfants ont la diarrhée. Nous ne savons pas quand les choses rentreront dans l’ordre. « 

Malgré l’inquiétude grandissante de la population, le gouvernement du président Robert Mugabe persiste à assurer que la situation est « sous contrôle » et refuse de déclarer l’état d’urgence, réclamé par plusieurs associations locales et des organisations d’aide internationale.

Avec défiance, le ministre adjoint de la Santé Edwin Muguti a même déclaré à l’AFP que la flambée de choléra était « le résultat des sanctions illégales imposées par l’Occident ».

Le régime accuse régulièrement les sanctions occidentales imposées après la réélection controversée du président Mugabe en 2002 d’être à l’origine des maux du pays, bien que ces sanctions ne visent que des proches du pouvoir.

En attendant une réaction de l’Etat, les Zimbabwéens comptent leurs morts sans même pouvoir suivre les rites funéraires traditionnels.

« Si quelqu’un meurt du choléra, il doit être mis dans un sac plastique et son corps enfermé dans un cercueil », explique un responsable sanitaire, sous couvert d’anonymat.

« Cette personne doit être enterrée dans les trois jours et, malheureusement, personne ne pourra la veiller, ce qui est très impopulaire. « 

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