Procès Habré: un comité réunit à Dakar craint « l’enlisement du dossier »

Un groupement international d’ONG et de juristes, le Comité pour le jugement équitable de Hissène Habré, l’ex-président tchadien poursuivi notamment pour crimes contre l’humanité, a déclaré mardi à Dakar craindre « l’enlisement du dossier », confié depuis plus de deux ans au Sénégal.

Publié le 26 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

« Nous sommes véritablement préoccupés des risques d’enlisement du procès d’Hissène Habré », a déclaré à l’AFP Alioune Tine, secrétaire général de la Rencontre africaine des droits de l’Homme (Raddho), une organisation membre du comité.

« Nous sommes préoccupés par les déclarations récentes du chef de l’Etat sénégalais qui prennent le contre-pied de la procédure engagée par le ministre sénégalais de la justice », a-t-il poursuivi.

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« Après avoir suscité l’espoir que ce procès puisse se tenir, la République dit +si je n’ai pas d’argent, je ne fais pas de procès+. Franchement cela suscite une indignation très profonde de la part des victimes d’Hissène Habré », a-t-il regretté.

Le Comité pour le jugement équitable de Hissène Habré, qui regroupe des avocats et plusieurs organisations africaines et européennes des droits de l’Homme, s’est réuni à Dakar lundi et mardi pour « informer le public sur les crimes commis durant le régime de Habré au Tchad », entre 1982 et 1990.

D’après ce comité, la procédure pour la tenue du procès d’Hissène Habré, qui réside au Sénégal depuis sa chute il y a plus de 17 ans, se heurte à « des blocages au niveau politique ».

« Les autorités sénégalaises disent qu’elles ne traiteront pas les dossiers tant qu’il n’y a pas d’argent. Mais en fait, l’argent est là, les bailleurs de fonds et l’Union européenne ont déjà saisi le Sénégal. Le Tchad lui a donné deux millions d’euros pour les premières démarches », a expliqué à l’AFP le porte-parole de Human Rights Watch (HRW), Reed Brody.

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« Mais le Sénégal n’a pas fait le moindre geste pour recevoir ces deux millions d’euros », a ajouté M. Brody, qui estime que le Sénégal doit par ailleurs fournir « un calendrier détaillé » et « un budget raisonnable » aux bailleurs de fonds.

Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l’Union africaine (UA) pour juger Hissène Habré pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.

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Mais à ce jour, aucune information judiciaire n’a été ouverte. La justice sénégalaise estime avoir besoin de 27 millions d’euros pour engager la procédure. Un montant jugé trop élevé par les bailleurs de fonds.

De février 2007 à juillet 2008, le Sénégal a engagé une série de réformes législatives et adopté un amendement constitutionnel afin de juger l’ancien président tchadien.

« Le Sénégal dispose de la loi de compétence universelle la plus large du monde. Le dispositif judiciaire est là », a affirmé M. Brody.

Lors de cette conférence, des vidéos retraçant les tortures sous le régime d’Hissène Habré (1982-1990) ont été projetées. Des victimes sénégalaises et tchadiennes ont témoigné des violences endurées dans les geôles de ce régime.

D’après la commission d’enquête tchadienne sur les crimes et détournements de l’ex-président Hissène Habré, ce régime aurait fait près de 40. 000 victimes et torturé des milliers de tchadiens.

Certaines victimes envisagent de « porter plainte ailleurs si le Sénégal persiste dans ces lenteurs », a affirmé à l’AFP, Jean Noyoma, une victime tchadienne.

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