Des Bushmen de retour sur les terres de leurs ancêtres

Hira Khamuxas, une descendante des premiers habitants d’Afrique australe, les Sans ou « Bushmen », chassée de sa terre par le régime d’apartheid sud-africain claque des mains: « Nos ancêtres sont contents parce que nous sommes de retour, tout près de chez nous ».

Un bushman Haikom danse, le 15 novembre 2008 à Seringkop (Namibie)

Un bushman Haikom danse, le 15 novembre 2008 à Seringkop (Namibie)

Publié le 18 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

"Je peux le sentir, notre rêve va se réaliser", ajoute la vieille dame qui, avec 300 autres membres de sa tribu, les Haikoms, a été aidée par le gouvernement namibien à revenir sur la terre de son peuple.

La semaine dernière, ils ont emménagé dans deux immenses fermes achetées par les autorités à Seringkop, à la frontière sud de la célèbre réserve naturelle d’Etosha (nord), berceau des Haikoms.

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"Je ne suis plus qu’à 60 kilomètres de mon lieu de naissance, où j’ai passé une enfance libre et heureuse jusqu’à l’âge de 14 ans", commente Hira Khamuxas, 65 ans. "Enfin, jusqu’à ce que le gouvernement sud-africain installe une clôture de contrôle sanitaire et nous dise de partir. . . "

L’Afrique du Sud a occupé la Namibie à partir de la Première guerre mondiale et jusqu’en 1990. Après l’arrivée du régime raciste d’apartheid en 1948, Pretoria a progressivement mis en place des mesures pour forcer les populations locales à quitter le parc d’Etosha.

Dans les années 70, le régime ségrégationniste a même sacrifié la moitié de la réserve (qui avait auparavant la superficie de la Suisse) pour créer des "Bantoustans", des zones réservées à une ethnie spécifique. Mais les Haikoms sont restés à l’écart du projet.

Cette tribu vivait depuis des millénaires dans la région et même les colons allemands, qui ont fait d’Etosha une zone protégée en 1907, les avaient autorisés à y poursuivre leurs activités de chasseurs-cueilleurs nomades.

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Une fois chassée de chez elle, Hira Khamuxas est devenue ouvrière agricole et a gagné sa vie en offrant ses services de ferme en ferme contre de maigres salaires, avant de se poser il y a quelques années dans un bidonville à 250 km au nord de Windhoek, où elle a survécu grâce à une pension d’Etat.

Entre-temps, son lieu de naissance, à l’intérieur du parc Etosha près du lieu-dit Ombika, est devenu une destination très prisée des touristes étrangers qui sont nombreux à visiter la réserve, célèbre pour son immense lac salé asséché.

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En permettant aux Haikoms de revenir près du parc, le gouvernement namibien espère qu’ils pourront tirer profit de cette manne touristique, qui est toujours largement exploitée par la minorité blanche.

"Le gouvernement considère le projet Haikom comme urgent", a ainsi expliqué la vice-Premier ministre Libertine Amathila, en accueillant les 78 familles volontaires pour une nouvelle installation au sud du parc.

"Une partie des terres sera dédiée à l’agriculture. Sur d’autres, nous introduirons des animaux sauvages pour lancer une activité touristique et diversifier les sources de revenus" des Haikoms, a-t-elle ajouté.

Environ 30. 000 Sans de différentes ethnies, dont 9. 000 Haikoms, vivent en Namibie, où ils figurent parmi les populations les plus défavorisées. Pour leur venir en aide, le gouvernement prévoit d’acheter d’autres fermes près de Seringkop.

"Ils vont recevoir des licences d’exploitation touristique et pourront fonder des partenariats pour construire des logements en collaboration avec notre ministère. Nous veillerons à ce qu’ils ne soient pas victimes d’abus", a assuré à l’AFP le vice-ministre du tourisme Leon Jooste.

"Le gouvernement prévoit à terme de supprimer les frontières entre leurs fermes et Etosha, de façon à ce que les animaux se déplacent librement et que les Haikoms s’intègrent dans ce projet touristique", a-t-il ajouté.

Pour sa part, Hira Khamuxas souhaite enseigner à ses petits-enfants l’usage traditionnel des herbes et des racines du parc. Pour achever de satisfaire ses ancêtres.

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