Mali : six officiels tués et une trentaine de fonctionnaires retenus en otages à Kidal

Le gouvernement malien s’est déclaré dimanche « en guerre » contre les « terroristes », au lendemain de combats meurtriers entre l’armée et les rebelles touaregs à Kidal (Nord). Six officiels maliens ont été assassinés et environ 30 fonctionnaires seraient toujours retenus en otages.

Un soldat malien dans la ville de Kidal, au nord du Mali, le 17 mai 2014. © AFP

Un soldat malien dans la ville de Kidal, au nord du Mali, le 17 mai 2014. © AFP

Publié le 19 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

La visite de Moussa Mara samedi 17 mai à Kidal était redoutée. Elle a rapidement tourné au bain de sang. Alors que le Premier ministre malien entrait dans ce bastion de la rébellion touarègue, situé à plus de 1 500 km au nord-est de Bamako, des soldats maliens et des combattants de groupes armés se sont affrontés.

Selon le ministre malien de la Défense, le bilan des combats est très lourd : 36 morts, dont huit militaires. Une trentaine de personnes, en grande partie fonctionnaires, seraient par ailleurs retenues en otages dans le gouvernorat. De son côté, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a revendiqué "une dizaine de soldats maliens morts" et "30 prisonniers dont deux blessés" remis à la Croix-Rouge.

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Dimanche, la mission de l’ONU au Mali, la Minusma, a évoqué "l’assassinat de deux civils et six officiels maliens à Kidal" dans un communiqué. Albert Koenders, représentant spécial du Secrétaire général (de l’ONU) et chef de la Minusma, a "condamné de la manière la plus ferme l’assassinat de deux civils et six officiels maliens au gouvernorat de Kidal". La force onusienne ne fournit cependant aucune précision sur la date de ces assassinats, les fonctions ou identités des personnes tuées, ni sur les auteur présumés. "Ce crime barbare est totalement inacceptable et les responsables devront répondre de leurs actes. Une enquête doit être menée rapidement afin de vérifier les faits et de traduire les responsables devant la justice", a également déclaré Albert Koenders.

Premier déplacement dans le Nord

De retour à Bamako, Moussa Mara a indiqué dimanche soir que les autorités s’activaient pour obtenir la libération des otages, assurant, sans plus de détails, que certains avaient été "abattus froidement", d’autres libérés parce que blessés. Par ces violences à Kidal, "les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes", avait dit auparavant Moussa Mara à Gao, dernière étape de sa visite dans le nord du Mali. Avant Gao et Kidal, le Premier ministre s’était rendu vendredi à Tombouctou. C’est son premier déplacement dans ces régions depuis sa prise de fonction début avril.

Sa visite, qui devait se poursuivre jusqu’à lundi, a été écourtée. Le chef du gouvernement est revenu dimanche à Bamako, où il a aussitôt rencontré le président Ibrahim Boubacar Keïta, qui doit s’adresser lundi à ses compatriotes sur la situation nationale. À Kidal, le gouvernorat a été attaqué "par une coalition de forces" comprenant "des jihadistes, des terroristes, (…) avec l’objectif manifeste de détruire et d’attenter à nos vies", a dit Moussa Mara après son entretien avec le président Keïta. Les soldats maliens leur ont apporté "des réponses appropriées". "Aujourd’hui, les forces armées maliennes sont à Kidal, (elles) sont en train de se préparer à toutes les éventualités", a-t-il ajouté.

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Selon Bamako, les soldats maliens ont affronté samedi à Kidal "le MNLA appuyé par des éléments des groupes terroristes" non-identifiés. En plus des 36 tués lors des affrontements, il y aurait eu 25 blessés du côté des soldats maliens et 62 "du côté des agresseurs". Le MNLA a précisé compter parmi ses "prisonniers de guerre", "le directeur régional de Kidal, un préfet, le conseiller du gouverneur et 24 soldats (…) et des cadres d’administration".

Appels à la retenue

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La Minusma, dont des troupes sont déployées dans le Nord avec des soldats de l’opération française Serval, a pour sa part annoncé "deux blessés graves par balles et 21 blessés" parmi ses policiers. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) s’est dite préoccupée par "la détérioration grave de la situation politico-sécuritaire" au Mali, en condamnant "les actes de violences à Kidal". Condamnation également de l’Union africaine (UA), qui a appelé "les parties à faire preuve de la plus grande retenue".

En dépit de la présence sur place de soldats maliens, français et onusiens, Kidal échappe toujours au contrôle de l’État malien. Selon plusieurs sources, la ville est devenue une zone de non-droit, en proie à l’anarchie et aux rivalités de groupes armés. Les dernières violences suscitaient au Mali des réactions d’hostilité envers la force Serval et la Minusma ainsi que la France, accusées de soutenir le MNLA ou d’être passive face à lui.

Dimanche soir, plusieurs centaines de personnes, dont des ministres et des députés, ont accueilli Moussa Mara en provenance du Nord. "Libérez Kidal!", "Minusma, à bas! La France, à bas!", "Vive le Mali", pouvait-on entendre dans la foule, comprenant de nombreux jeunes.

(Avec AFP)

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