Égypte : les principaux avocats des journalistes d’Al-Jazira se retirent

Accusant Al-Jazira d’utiliser leur procès pour nuire à l’Égypte, les principaux défenseurs des deux journalistes du Qatar jugés pour soutien aux Frères musulmans ont décidé jeudi de se retirer.

Le journaliste australien d’Al-Jazeera Peter Greste à la prison Tora du Caire, le 5 mars 2014. © AFP

Le journaliste australien d’Al-Jazeera Peter Greste à la prison Tora du Caire, le 5 mars 2014. © AFP

Publié le 16 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Farag Fathy, Mohamed Farhat et Mokhless El-Salhy, les principaux défenseurs des deux journalistes d’Al-Jazira jugés pour soutien aux Frères musulmans (l’Australien Peter Greste et l’Égyptien Baher Mohamed), ont annoncé jeudi 15 mai leur retrait du procès. Ils ont accusé la chaîne du Qatar d’utiliser ce procès pour nuire à l’Égypte.

"Al Jazeera se sert de mes clients. J’ai des e-mails de la chaîne affirmant ne pas se préoccuper d’eux mais plutôt d’insulter l’Égypte", a affirmé Me Fathy aux juges, accusant la télévision satellitaire de "fabriquer des déclarations" qu’elle lui attribue.

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Peter Greste, qui travaille à l’antenne anglophone d’Al-Jazira s’est dit "déconcerté", affirmant entendre "pour la première fois parler de ce problème".

Dans un communiqué, un porte-parole d’Al-Jazira a affirmé que "l’avocat qui s’est emporté au tribunal a mis l’équipe dans une position intenable". "Nous avons désormais la meilleure représentation légale travaillant en harmonie et se consacrant à sortir nos journalistes de prison", a-t-il dit sans autre précision.

Un troisième journaliste est également détenu depuis plus de quatre mois, le directeur égypto-canadien du bureau de la chaîne au Caire, Mohamed Fadel Fahmy. Son avocat, Ibrahim Abdel Wahab, a accusé "le parquet de tenter d’entraver" leur travail. "On nous réclame 1,2 million de livres égyptiennes (environ 123 000 euros) pour obtenir des copies des preuves".

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Au total dans ce procès qui a déclenché un tollé international, neuf détenus sont jugés, ainsi que 11 personnes par contumace : 16 Égyptiens sont accusés d’appartenir à une "organisation terroriste" et quatre étrangers pour "diffusion de fausses nouvelles".

Le procès a été ajourné au 22 mai. Lors des précédentes audiences, le parquet avait produit des enregistrements inaudibles après avoir cherché à prouver que les journalistes manipulaient les images de leurs reportages en montrant des vidéos sans lien avec leur travail.

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Un autre journaliste, de l’antenne arabophone d’Al-Jazeera, Abdallah ElShamy est, lui, toujours dans l’attente de son procès. Emprisonné depuis neuf mois et en grève de la faim depuis janvier, il a dit tenir les autorités pour responsables en cas de grave dégradation de sa santé dans une vidéo tournée en prison et diffusée mercredi soir par Al-Jazeera.

Sa famille, qui était sans nouvelle de lui depuis plusieurs jours, a pu lui rendre visite mercredi et son frère, Mossaab, a indiqué que le reporter, affaibli par sa grève de la faim, avait été mis "à l’isolement dans le quartier de haute sécurité de la prison de Tora" au Caire.

Amnesty International a réclamé jeudi sa libération "immédiate et sans condition". "En plaçant un gréviste de la faim à l’isolement au lieu de le transférer dans un hôpital, les autorités égyptiennes mettent délibérément sa vie et sa santé en danger", a estimé l’ONG.

(Avec AFP)

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