Nigeria : le gouvernement prêt à négocier avec Boko Haram
Le gouvernement nigérian s’est déclaré mardi soir « prêt à dialoguer » avec Boko Haram pour assurer la libération des 223 lycéennes enlevées par le groupe islamiste à Chibok, dans le nord-est du pays.
Après avoir émis lundi un refus de négocier avec le groupe terroriste Boko Haram, les autorités nigérianes ont changé de position. "Nous sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à Chibok en font partie", a déclaré mardi 13 mai le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l’année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d’amnistie avec Boko Haram.
Cette disposition déclarée au dialogue d’Abuja intervient le jour où le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) est dans la capitale fédérale pour s’entretenir avec les autorités nigérianes au sujet des lycéennes capturées par Boko Haram. Le général David Rodriguez est au Nigeria pour "discuter de l’aide américaine dans les opérations de recherche ainsi que de toute la coopération" entre les forces américaines et nigérianes, a expliqué un responsable de la défense américaine.
Surveillance américaine
Selon le gouverneur de l’État de Borno, l’ensemble des filles apparaissant dans la dernière vidéo diffusée lundi par Boko Haram font partie des 200 lycéennes enlevées le 14 avril à Chibok. "Toutes les filles de cette vidéo ont été identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok", a déclaré Kashim Shettima mardi après-midi à Abuja aux manifestants du mouvement #bringbackourgirls, réunis devant son bureau de la capitale fédérale.
L’arrivée du général américain David Rodriguez coïncide par ailleurs avec la demande de prolongation de l’état d’urgence que vient de formuler le président nigérian dans le nord-est du pays, désormais survolé par des avions américains. "Nous avons partagé des images de satellites commerciaux avec les Nigérians et nous effectuons des vols, avec pilotes, d’espionnage, de surveillance et de reconnaissance au-dessus du Nigeria, avec la permission du gouvernement", a révélé un haut fonctionnaire de l’administration américaine.
Émotion mondiale
En vigueur depuis un an, l’état d’urgence dans le nord-est du Nigeria est cependant d’une efficacité limitée puisqu’il n’a pas empêché Boko Haram de multiplier ses attaques. "L’état d’urgence n’a pas été en mesure de bloquer l’insurrection de Boko Haram", estime Dapo Thomas, expert politique de l’Université de l’État de Lagos. "En fait, la secte est devenue plus dangereuse et mortelle (…) Le gouvernment ne devrait pas continuer de limiter la liberté de la population en prorogeant" l’état d’urgence.
Face à l’émotion mondiale suscitée par ce rapt sans précédent, le gouvernement nigérian, pourtant traditionnellement rétif aux ingérences étrangères, a accepté l’aide internationale. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont dépêché des équipes, tandis qu’Israël et la Chine ont aussi proposé leur aide. Des experts américains passent également "à la loupe" la vidéo de Boko Haram, a indiqué la diplomatie américaine. Dans la vidéo, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, exige la libération de ses "frères" combattants prisonniers en échange de celle des jeunes filles.
Sommet samedi à Paris
Shekau affirme que le marchandage ne concernerait que les filles "qui ne se sont pas converties" à l’islam. En effet, alors qu’il avait menacé de les traiter en "esclaves" dans une précédente vidéo, il explique avoir entrepris de convertir les otages à la religion musulmane. La nouvelle vidéo de Boko Haram montre environ 130 adolescentes assises à l’air libre sous des arbres, dans un lieu non-identifié, en train de réciter ensemble la "fatiha", l’une des principales sourates du Coran.
À l’initiative de François Hollande, un sommet régional doit se tenir samedi à Paris pour aider le Nigeria et ses voisins à faire face au défi posé par Boko Haram, dont le nom en langue haoussa signifie "L’éducation occidentale est un péché". Ce sommet devrait rassembler, autour du président français, les dirigeants d’au moins cinq pays africains : le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin. Américains et Britanniques ont également été invités.
(Avec AFP)
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