Soudan du Sud : le cessez-le-feu rompu par les deux camps

Les partisans de Salva Kiir et ceux de Riek Machar affirment subir des attaques depuis dimanche malgré l’accord de cessation des hostilités signé vendredi soir à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Le chef rebelle Riek Machar lors d’une conférence de presse le 12 mai 2014 à Addis-Abeba. © AFP

Le chef rebelle Riek Machar lors d’une conférence de presse le 12 mai 2014 à Addis-Abeba. © AFP

Publié le 13 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Le cessez-le-feu n’aura pas duré 48 heures. Malgré l’accord signé vendredi 9 mai au soir à Addis-Abeba entre les deux protagonistes de la crise sud-soudanaise, le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, les deux camps se sont mutuellement accusés dès dimanche d’avoir rompu la fragile trêve.

Le ministre de la Défense Kuol Manyang a indiqué que les forces pro-Machar avaient lancé depuis dimanche soir une nouvelle offensive dans l’État pétrolier du Haut-Nil (nord-est), assurant que l’armée avait reçu l’ordre "de ne pas attaquer, mais uniquement de se défendre". "La réalité, c’est que M. Machar ne contrôle pas ses forces. Ce sont des forces irrégulières, telles que l’Armée blanche (White Army)", milice de jeunes civils nuer, peuple auquel appartient Riek Machar, a expliqué le ministre. "L’Armée blanche ce sont des civils armés, ils ne savent même pas que l’Accord de cessation des hostilités a été signé, ils n’en ont pas entendu parler et ce sont eux qui attaquent".

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Nuer contre Dinka

Les Nuer forment avec les Dinka, dont est issu Salva Kiir, les deux principales ethnies du pays. De vieilles rivalités les opposent, qui sont venues se greffer à la lutte au sein du pouvoir entre Kiir et Machar, élément déclencheur du conflit. Riek Machar a rétorqué depuis Addis Abeba que les forces gouvernementales avaient "attaqué les premières" et "n’avaient jamais respecté la cessation des hostilités". "Le gouvernement mène une offensive ininterrompue. Nous nous défendons", a-t-il expliqué à la presse.

Les deux camps utilisent des supplétifs, miliciens locaux ou groupes armés du Soudan voisin. Les analystes estiment que tant Salva Kiir que Riek Machar auront du mal à imposer la trêve à leurs différentes troupes. Aucune information indépendante n’a pu être obtenue lundi concernant la situation militaire sur le terrain.

Des observateur de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation est-africaine qui assure la médiation dans ce conflit, doivent se rendre à Bentiu (nord), où des combats étaient à nouveau signalés dimanche, pour vérifier la réalité du cessez-le-feu. Le porte-parole militaire de la rébellion, Lul Ruai Koang, a affirmé lundi que l’armée sud-soudanaise avait repris lundi Bentiu en "bombardant de façon intensive et extensive (…) les villages alentour".

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Élections repoussées

En rentrant d’Addis-Abeba dans la nuit, le président Kiir a indiqué que les élections générales prévues en 2015, et auxquelles Riek Machar avait, avant le conflit, menacé de se présenter contre le chef de l’État, seraient repoussées de deux ou trois ans pour "permettre la réconciliation entre les gens". "S’il voulait sincèrement la paix, (M. Kiir) organiserait des élections en 2015", lui a répondu son adversaire lundi.

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La tenue de ces élections est de toute façon très improbable. Une vaste partie du pays échappe actuellement au contrôle du gouvernement et l’accord signé vendredi à Addis semble avoir remis leur principe en cause. Celui-ci prévoit en effet la mise en place d’un gouvernement de transition, une réforme constitutionnelle et l’organisation de "nouvelles élections", sans toutefois indiquer la durée de la période de transition ou fixer de date pour lesdites élections.

Un précédent cessez-le-feu, péniblement négocié et signé le 23 janvier, n’a jamais été respecté. Les combats, accompagnés de massacres et d’exactions contre les civils attribuables aux deux camps, n’ont jamais cessé.

(Avec AFP)

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