Côte d’Ivoire : Licorne, c’est bientôt fini…
Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a annoncé le 9 mai à Alassane Ouattara, le président ivoirien, que la force Licorne allait prochainement changer de statut pour devenir une base des forces françaises en Côte d’Ivoire.
Douze ans après avoir vu le jour, en septembre 2002, la force Licorne est sur le point de s’éteindre. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l’a confirmé en personne au président ivoirien, Alassane Ouattara, le 9 mai, puis au ministre délégué chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi, le lendemain, lors de la première étape d’une tournée en Afrique de l’Ouest qui devait le conduire au Sénégal le 11 mai et en Mauritanie le 12.
La disparition de la force Licorne, qui a joué un rôle crucial dans la crise ivoirienne (aux côtés des casques bleus de l’Onuci) et dans la chute de Laurent Gbagbo en 2011, ne signifie pas que les troupes françaises présentes à Abidjan décamperont. Au contraire, les effectifs de ce que l’on appellera, à compter du 1er janvier 2015, les Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI), seront revus à la hausse. À l’horizon 2016, l’état-major des armées françaises prévoit de positionner près de 800 hommes au camp de Port-Bouët, contre environ 450 aujourd’hui.
La présence française, "une forme d’assurance-vie" pour Ouattara
"Nous n’avons plus besoin d’une force dite d’opération aujourd’hui en Côte d’Ivoire, a expliqué Jean-Yves Le Drian à l’issue de son entretien avec Alassane Ouattara. Dans le cadre de la transformation de notre dispositif militaire sur le continent, les FFCI serviront de base opérationnelle avancée". Donc pérenne. Le nouvel accord de coopération militaire entre les deux pays, qui a déjà été ratifié par les deux chambres du Parlement en France, sera prochainement étudié par les députés ivoiriens, a d’ailleurs annoncé Ouattara.
Cette base aura deux missions principales : servir de réserve de troupes conventionnelles – les forces spéciales étant basées, elles, à Ouagadougou – capables d’intervenir en urgence sur le continent (ce que ne sont plus en mesure de faire les forces présentes à Dakar et à Libreville, destinées à la formation à l’échelle sous-régionale) ; et servir de point d’appui logistique aux opérations dans la bande sahélo-saharienne, comme c’est le cas depuis le déclenchement de l’opération Serval au Mali, en janvier 2013. "La qualité des infrastructures portuaires et aéroportuaires de la Côte d’Ivoire sont un atout certain", juge-t-on dans l’entourage du ministre français.
Les FFCI devront par ailleurs être en mesure de continuer à appuyer l’Onuci en Côte d’Ivoire, si le besoin se fait sentir. Ce dernier point est jugé essentiel par les autorités ivoiriennes à l’approche de l’élection présidentielle prévue en 2015. "On n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise, convient un diplomate français. Et pour Ouattara, la présence française est une forme d’assurance-vie".
Épervier et Serval aussi
La force Licorne n’est pas la seule à être appelée à disparaître. Le même sort est réservé aux opérations Serval, au Mali, et Epervier, au Tchad. Pour lutter contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne (BSS dans le jargon militaire), l’état-major français a élaboré une nouvelle organisation à l’échelle régionale qui prévoit de faire table rase du dispositif actuel, du moins en ce qui concerne les missions de chaque opération. Ce dispositif (qui n’a pas encore de nom) devrait mobiliser 3000 hommes. Le gros des troupes sera basé au Tchad (1250 hommes, contre 950 aujourd’hui), où sera également transféré l’état-major du dispositif, et au Mali (1000 hommes, contre 1400 actuellement). Le reste des effectifs sera stationné à Ouagadougou (forces spéciales) et à Niamey (drones, avions de chasse, renseignement).
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Rémi Carayol, envoyé spécial à Abidjan
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